La nomination d'Audrey Pulvar au poste de directrice de la rédaction des Inrockuptibles a fait couler beaucoup d'encre au mois de juillet. En couple avec le ministre chargé du redressement productif, Arnaud Montebourg, l'ancienne chroniqueuse de Laurent Ruquier était en effet accusée de mêler les genres. Alors que de nombreux médias dénonçaient la "victoire du journalisme people", Thomas Legrand, éditorialiste du magazine, avait même décidé de quitter les Inrocks, arguant que l'hebdomadaire ne pouvait "être dirigé par quelqu'un d'aussi impliqué personnellement dans la vie politique du pays".
Après avoir affirmé que les Inrocks ne deviendraient pas "une annexe du PS", et s'être longuement justifiée dans son premier éditorial, Audrey Pulvar a toutefois décidé de prendre ses distances avec la gauche dont elle attaque violemment l'attitude à l'égard des camps de Roms dans le numéro de cette semaine. Alors que le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a ordonné le démantèlement des camps, la journaliste s'insurge contre cette politique, rappelant l'indignation qui avait suivi les expulsions de Roms sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
"Au rythme où la gauche au pouvoir expulse du Rom et démantèle du camp de fortune, jetant à la rue, sans réelle solution alternative, des centaines – et bientôt des milliers – de personnes, la gauche, toute la gauche (la vraie ?) serait vent debout comme une seule femme, non ?" s'interroge Audrey Pulvar pour qui ces démantèlements ne résoudront pas le problème mais ne feront que le déplacer. La directrice de la rédaction des Inrocks signe un édito assassin à l'égard de la nouvelle majorité, et n'hésite pas à interpeller directement le président de la République. "Cher François, on n'a pas voté pour ça", lance-t-elle comme pour convaincre ses lecteurs de son indépendance.