L'audiovisuel public au coeur du débat public aussi au Royaume-Uni. Contrainte de faire des économies par un gouvernement conservateur qui la juge hostile et partisane, la BBC avait annoncé fin mai un plan radical, avec la suppression de 1.000 emplois - sur un total d'environ 22.000 employés - et une accélération de son virage numérique.
Dans ce paquet de mesures, la BBC a acté, ce jeudi, la fusion des chaînes d'information nationale BBC News et internationale BBC World News, qui sera effective dès avril 2023 selon un communiqué du groupe audiovisuel. Selon un porte-parole de la BBC cité par plusieurs médias britanniques et l'AFP ce vendredi, la fusion se traduira par 70 suppressions de postes et la création de 20 nouveaux emplois à Washington.
Le plan prévoit, par ailleurs, de proposer à terme seulement sur le numérique plusieurs chaînes et services en langues étrangères, dont la chaîne pour enfants du groupe, CBBC, et la chaîne culturelle BBC 4. L'objectif est de réaliser 75% de ses audiences via sa plateforme numérique iPlayer. Les nouvelles mesures visent à économiser 500 millions de livres par an (586 millions d'euros) dont 200 millions pour combler la plus grande partie du trou béant creusé par le gel de la redevance.
Si l'Assemblée nationale s'apprête, à partir du lundi 18 juillet, à discuter du projet d'Emmanuel Macron et du gouvernement d'Elisabeth Borne de supprimer la redevance, le gouvernement britannique, lui, a, en effet, pris la décision de geler la principale source de financement de l'audiovisuel public pendant deux ans, avant de la supprimer en 2027. Cette redevance de 184 euros outre-Manche n'augmentera donc pas au rythme de l'inflation ces deux prochaines années. "Cela fera plus d'argent dans les poches des retraités, des familles, qui ont du mal à boucler les fins de mois", assure le gouvernement, qui n'a prévu aucune compensation à terme à la disparition de la redevance. Elle représente tout de même 75% du financement de la BBC, qui ne diffuse pas de publicité.
Le gouvernement britannique agite une autre menace, qui concerne cette fois la chaîne Channel 4. Downing Street, dont on est toujours dans l'attente du nouveau locataire après le départ de Boris Johnson, souhaiterait, en effet, mettre en vente Channel 4, qui ne bénéficie pas de la redevance réservée à la BBC, avant les prochaines élections générales de 2024.
Après plusieurs mois de consultation, "j'en suis venue à la conclusion que sa propriété par le gouvernement empêche Channel 4 de rivaliser avec les géants du streaming comme Netflix et Amazon", avait convenu la ministre de la Culture, Nadine Dorries, lundi 4 avril sur Twitter. "Un changement d'actionnaires va donner à Channel 4 les outils et la liberté de prospérer tout en restant un service public", précisait-elle.
Channel 4, dont la mission de service public est inscrite dans la loi britannique, est à l'origine de divertissements culte, à l'image de "Big Brother", "Peep Show", l'émission de téléréalité "Gogglebox", "The Great British Bake Off", émission de pâtisserie au succès considérable pendant les confinements, ou encore la série "It's a Sin", en lice dans 11 catégories pour les derniers Baftas de la télévision.