La barre des 4 millions d'abonnés à beIN Sports s'éloigne. Selon "Libération", la chaine qatarie, qui avait franchi ce cap symbolique en juin 2018 à la faveur de la retransmission sur ses antennes de la Coupe du monde de football en Russie, a perdu 800.000 abonnés en cours d'année, pour n'en compter plus que 3,2 millions à la fin 2018, comme l'indiquent les documents financiers du groupe établis à cette date que le quotidien a pu consulter.
Dans un communiqué, beIn Sports a cependant tenu à préciser son nombre actuel d'abonnés, qui s'établit selon lui à ce jour à 3,4 millions de personnes, soit "un niveau quasi équivalent à notre base d'avant Coupe du monde", qui était de 3,5 millions de fidèles, comme l'a également rappelé Florent Houzot, directeur des programmes, des antennes et des rédactions de beIN Sports sur Twitter.
Mais cette stagnation ne présage rien de bon pour les finances de la chaîne dirigée par Nasser al-Khelaïfi, qui n'a jamais réussi à être rentable depuis son lancement en 2012. Pour preuve, à la fin de l'année dernière, le Qatar n'a pas hésité à réinjecter 156 millions d'euros dans les caisses. Et malgré des revenus en progression de 11% sur un an, à 487 millions d'euros, beIN Sports a conclu l'année avec une perte d'exploitation de 81 millions d'euros. A cela vient s'ajouter le contrôle fiscal mené par les services de Bercy, dont fait actuellement l'objet la chaîne qatarie et les engagements financiers importants pris par beIN Sports à cinq ans et plus, qui s'établissent à 1,8 milliard d'euros.
Comme la souligne "Libération", la désertion des abonnés n'est pas uniquement due à la fin de la Coupe du monde 2018. La perte à la rentrée dernière des droits de la Ligue des champions et de la Ligue Europa, tombés dans le giron du groupe Altice, a aussi eu un effet négatif. Le futur proche n'incite pas à l'optimisme puisque dès la rentrée 2020, beIN Sports devra co-habiter avec le groupe espagnol Mediapro, qui a raflé la majeure partie des droits de la Ligue 1 et ce au prix d'une inflation des droits du championnat vitrine du football français, qui a dépassé pour la première fois la barre du milliard d'euros annuels pour la période 2020-2024, contre 726,5 millions d'euros actuellement. beIN Sports a pour sa part mis plus de 300 millions d'euros sur la table pour conserver une partie de ces droits.