Une ardoise salée. Selon Capital, qui a pu consulter les comptes déposés pour la première fois par beIN Sports en France, la chaîne qatarie aurait enregistré une perte nette de 1,033 milliard d'euros depuis son lancement en 2012 dans l'Hexagone. Qualifié à son lancement d'"acteur irrationnel économiquement" par les dirigeants de Canal+, beIN Sports semble ainsi leur donner en partie raison quatre ans et demi plus tard, bien qu'une phase de lancement soit forcément synonyme de déficit.
Revendiquant 3 millions d'abonnés lors du dernier Euro de football en France, la chaîne sportive dégage selon Capital près d'une vingtaine de millions d'euros de chiffre d'affaires par mois. 93% des recettes beIN proviennent des abonnements, contre moins de 4% pour la publicité. Des chiffres conséquents qui ne parviennent cependant pas à compenser les énormes sommes engagées pour acquérir son large catalogue de droits sportifs, sur un marché français de plus en plus concurrentiel depuis l'arrivée de SFR. Sur les exercices cumulés 2014 et 2015, beIN Sports a ainsi investi pas moins de 640 millions d'euros pour obtenir le droit de diffuser la Ligue des champions et l'essentiel de la Ligue 1 de football ou encore de la NBA en Basket.
Conscients de cette impossible équation économique, les dirigeants de beIN Sports ont commencé par relever régulièrement le prix d'abonnement mensuel de leur service. Ce dernier est ainsi passé de 11 euros à son lancement en 2012 à 14 euros en 2016, pour un catalogue de chaînes, il est vrai, étoffé. Sans abandonner sa formule sans engagement, la chaîne sportive a aussi développé parallèlement une offre avec engagement, afin d'être moins dépendante des effets d'aubaine.
Surtout, beIN Sports multiplie depuis plusieurs mois les partenariats de distribution pour augmenter son bassin de clients. La chaîne qatarie a ainsi lancé des offres couplées avec SFR Sports mais aussi Canal+, le grand ennemi d'hier. Peut-être de quoi éviter la sombre prédiction d'une note Natixis de janvier 2015 qui annonçait une possible perte de 2,2 milliards d'euros d'ici 2020.