Interview
Benjamin Castaldi : "Je trouve qu'on fait de la bonne télé-réalité en France"
Publié le 6 juillet 2010 à 14:11
Par Julien Mielcarek
A quelques jours du retour de "Secret Story", rencontre avec l'animateur de TF1.
Benjamin Castaldi Benjamin Castaldi© TF1 - Chevalin
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Que vous soyez à la machine à café ou sur la plage, vous ne passerez pas à côté de Secret Story. Pour la quatrième année consécutive, la télé-réalité événement de TF1 reprend du service ce vendredi. Pendant quatorze semaines, on va suivre les aventures d'anonymes qui, soucieux de conserver leur secret, vont bâtir des stratégies et répondre aux missions de La Voix. Mais d'ici vendredi, on ne saura rien, c'est la règle. Du coup, à Ozap, on n'a même pas tenté de tirer les vers du nez à Benjamin Castaldi. L'occasion de parler plus généralement de la télé-réalité et de l'avenir de l'animateur, décomplexé et souriant. Entretien.

Ozap : C'est un petit peu la routine notre rendez-vous. On se voit depuis quatre ans au même moment et je sais déjà que vous n'allez rien me dire sur l'émission...
Benjamin Castaldi : (rires) Bon, qu'est-ce qu'on fait alors ? Un poker ? Un Monopoly ?

Pour vous, la machine tourne toute seule, comme pour les journalistes d'ailleurs...
C'est vrai que c'est un peu pénible pour les journalistes mais en fait c'est bien parce qu'il y a une espèce de pré-buzz qui se fait. On dit tout et n'importe quoi et ce n'est pas plus mal ! Après, j'évite de tout lire sinon c'est déprimant. Mais c'est vrai qu'à l'heure où je vous parle, je ne connais pas encore le casting. A quatre jours du lancement, je ne suis pas encore entré dans l'émission. Finalement, si je suis aussi motivé et naturel à l'antenne, c'est parce que je rentre dans le programme comme les téléspectateurs.



Comment vous vous renouvelez malgré tout ?
Déjà, on n'en tourne pas cinq par jour, c'est du direct quotidien. On n'est pas si nombreux dans le PAF à faire du direct. J'ai la chance d'avoir une expérience énorme du direct : j'ai fait six Nouvelle Star, deux Loft, quatre Secret Story, une Ferme... Moi, je me marre, je fais mon métier. C'est d'ailleurs un peu vexant de demander ça aux animateurs. Est-ce qu'on demande aux comédiens s'ils n'en ont pas marre de jouer la comédie ? C'est mon métier et j'adore animer.

Mais on peut demander à un comédien s'il n'en a pas marre de jouer la même pièce durant des mois.
Pour un comédien, si c'est un hit... Quand Clavier et Bourdon font La cage aux folles pendant huit mois, c'est un bonheur pour eux de retrouver une salle comble. Moi, j'ai le bonheur de faire un programme qui fonctionne donc c'est un vrai bonheur.

J'imagine que l'exemple de La Cage aux folles n'est pas pris au hasard.
(rires) On a tourné un sketch avec Vincent Mcdoom pour Mes parents vont t'adorer et ça m'a fait repenser à cette pièce. Et je voulais jouer La cage aux folles avec Marc-Olivier Fogiel mais il est devenu sérieux et intellectuel donc ça va être compliqué (rires).

Il faut trouver quelqu'un d'autre. Demandez à Vincent Mcdoom !
(rires) Pourquoi pas, il serait bon dans le rôle d'Albin.

Bon, comme chaque année, je vous demande quand même quelles sont les nouveautés dans Secret Story.
Mais il y en a évidemment ! Des chiffres et des lettres, ils l'ont relooké trois fois en vingt ans, pourquoi voulez-vous qu'on remette en cause à chaque fois quelque chose qui fonctionne du feu de Dieu avec des codes ? Souvent, quand on veut casser des codes et faire du neuf pour du neuf, on perturbe les gens. Donc, on ne change pas la musique, la maison change de couleur mais il y a toujours globalement la même chose. On a mis deux piscines, plus de caméras... On soigne la captation mais, globalement, il n'y a pas de raison de changer grand chose.



Mais dans ce genre d'émission, on n'est pas obligés d'aller chaque fois un peu plus loin, d'être dans la surenchère ?
Mais non, c'est une légende ça. Nous, on n'a jamais été très loin dans Secret Story. On ne peut pas citer de gros débordements. Que s'est-il passé dans l'émission ? On m'a un peu reproché de montrer des gens qui se touchaient ? Mon Dieu, quelle affaire ! On a eu un débordement l'an dernier avec Sabrina et son mec qui la plaque en direct. On s'en est excusés, on l'a regretté. Nous, on assume pleinement le programme, c'est ce qui fait notre force maintenant. On n'est plus complexés par rapport à ça. S'il y a une erreur, on le dit mais on fait en sorte qu'il n'y en ait pas.

La télé-réalité décomplexée, c'est le slogan de Dilemme sur W9.
Ah bon ? Bon, alors je retire (rires). Je n'ai rien contre Dilemme, ils ont fait leur travail. Ils sont sur une petite chaîne de la TNT et, très naturellement, ils devaient se positionner en proposant un « plus produit » étant donné qu'ils sont sur la TNT. L'offre de la TNT, c'est de pouvoir aller un petit peu plus loin. Ils se font reprendre par le CSA qui est là pour ça. Maintenant, la provoc' pour la provoc', les gens ne sont pas dupes. Ca fait dix ans qu'on leur vend de la télé-réalité, ils ont tout vu donc on ne peut pas leur raconter d'histoires. C'est pour ça que Secret Story est si fort : on se raconte une histoire ensemble, avec les gens qui regardent via les secrets et les missions. Sans manipuler, on influence forcément et on le sait dès le début. Les gens savent qu'on ne leur ment pas puisqu'on est finalement positionné comme dans une mini-fiction sans pour autant que les rôles soient écrits à l'avance.

Donc vous ne bougez pas quand vous voyez Dilemme qui est, quand même, un petit peu trash.
Ce n'est pas que c'est trash. Ils sont dans un positionnement différent, rien qu'avec le principe des dilemmes. Si on allait très loin dans le principe, on aurait pu faire « Tu préfères tuer ton père ou ta mère ? ». Effectivement, c'est un peu violent. Ce n'est pas ce qu'ils ont fait mais dans l'idée, c'est ça.

Mais ça n'a donc pas d'impact sur la fabrication de Secret Story.
Aucun impact, on n'a pas de complexe à avoir. Ce n'est pas parce qu'il y a les championnats de France régionaux d'athlétisme qu'on ne regarde pas les JO.

Vous auriez présenté une émission comme Dilemme ?
Evidemment. J'aurais été sur W9, je l'aurais présentée, je n'ai pas de problème avec la télé-réalité.

Mais cette télé-réalité en particulier ?
Il y a peut-être des choses que je n'aurais pas accepté dans le programme. Il y a un dilemme qui m'a vraiment gêné, c'est le premier, quand une candidate s'est faite couper les cheveux. Ca fait appel à des références trop marquées sur le passé, et un passé difficile pour la France. Ca, je ne l'aurais pas fait. Après, le reste... Faire tenir en laisse, c'est un jeu ; être habillé en latex, on s'en fout... Je n'ai pas de problème avec ça.

Nonce Paolini a critiqué publiquement le jeu (lire notre brève). Ca vous rassure d'être sur une chaine où votre patron fixe des limites?
Nonce est là pour tenir sa chaîne et il la tient très bien. Il a parfaitement confiance dans l'équipe qui fait Secret Story. Pendant l'été, je l'ai au téléphone un jour sur deux : on parle ensemble, il me fait confiance, il fait confiance à Angela Lorente, la patronne de la télé-réalité, à Endemol... Ce sont des gens qui connaissent la musique sur le bout des doigts. Il est en confiance et si des choses ne lui plaisent pas, il le dit et il a bien raison, c'est son rôle. C'est le patron, le taulier comme dirait Nikos (rires).

Vous ne connaissez donc pas le casting mais vous aviez déjà dit par le passé vous fixer des limites. Est-ce que vous suivez tout ça de près ?
Là, je ne connais pas le casting donc si un mec ne me plait pas, ça va être dur de le dégager à deux jours du lancement, c'est ça le problème (rires). C'est peut-être pour ça qu'ils ne m'ont pas montré le casting !

Les saisons précédentes, vous avez déjà dit avoir mis votre veto sur certaines personnes...
Sur un seul candidat mais parce que les conséquences que ça pouvait avoir auraient pu être catastrophiques, c'est tout. Si un truc me dérange cette année, je suis suffisamment grande gueule pour dire ce que j'en pense. S'il y a un truc catastrophique, je monterai au créneau et j'irai voir Nonce... mais je suis sûr que ce ne sera pas le cas.



Vous êtes un des rares à assumer ce que vous faites...
(il coupe) Si on n'assume pas, il faut faire autre chose.

Dites-le à vos petits camarades alors.
Je ne peux pas donner des leçons pour les autres. Je déteste l'hypocrisie, on ne peut pas faire les choses en se bouchant le nez. J'ai été élevé comme ça : cracher dans la soupe, je ne peux pas. On est très bien payés pour faire ce genre de programme et on ne va quand même pas dire derrière "Je fais ça mais c'est quand même de la merde". Si on pense que c'est de la merde, on ne le fait pas. Je suis un des rares à avoir toujours défendu la télé-réalité. Je ne vois réellement pas où sont les problèmes surtout, qu'en France, on s'est quand même mis des barrières. On n'a pas été aussi loin qu'en Hollande ou d'autres pays. Dans l'ensemble, je trouve quand même qu'on fait de la bonne télé-réalité en France.

Je suis obligé de reparler de Dilemme. Vous êtes l'anti Faustine Bollaert qui, parfois à l'antenne, se demande si elle assume le programme.
Moi, je la défends. Ce n'est pas facile pour Faustine. Elle n'a pas beaucoup d'expérience d'animatrice, c'est sa première émission. Elle commence avec des barnums très compliqués, il faut une sacrée expérience. Moi, j'ai eu la chance de démarrer l'animation à une époque où on commençait tous la télé-réalité. Il y a dix ans, s'il y avait déjà eu des télé-réalités, on aurait dit que j'étais une catastrophe dans le Loft. Mon premier prime, j'étais certainement très stressé et très mauvais mais je suis né avec le phénomène.

Mais on ne vous a jamais entendu dire "Je me demande si j'assume ça" à l'antenne.
Si on n'assume pas, il ne faut pas faire. Parfois, on peut regretter certaines positions mais il faut les assumer, c'est toujours ce que j'ai dit. Et les gens ne sont pas dupes, ils vous voient. Pour les gens qui m'aiment bien, je pense qu'ils voient bien que je suis content de faire ce que je fais. Je ne suis pas dupe de ce que je fais, mais j'assume.

Vous avez justement aussi assumé de présenter La Ferme. Aucun regret ?
Non. Pourquoi je vais regretter une émission qui a globalement pas si mal fonctionné ? Elle a été un peu décevante en prime et c'est pour ça qu'elle est passée en deuxième partie de soirée. J'ai adoré présenter ça avec Jean-Pierre. Après, on n'a pas été aidés par un casting de personnalités obsédées par leur image et passant leur temps avec leur avocat au téléphone. On s'est plantés, voilà, on ne peut pas toujours tout réussir. J'ai la chance d'avoir plus de succès que d'échecs.

Ça veut peut-être aussi dire que c'est terminé pour les télé-réalités avec des people ?
Les people, c'est compliqué, oui. En tout cas, dans ce type-là de télé-réalité d'enfermement, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne formule. Après, des télé-réalités filmées à la manière de soap où on suit une célébrité, ça, oui.



Vous avez donc cette étiquette télé-réalité. Va-t-on bientôt vous voir dans d'autres genres ?
On m'a vu dans plein de genres. J'ai fait du jeu sur TF1...

Pas récemment quand même, pas cette saison, même s'il y a eu Qui peut battre....
Oui mais j'ai fait deux télé-réalités donc ça fait 24 semaines d'antenne non-stop quand même.

Oui mais c'est de la télé-réalité. Alors ? (rires)
Stallone fait des films d'action, moi je fais de la télé-réalité (rires).

Vous avez d'autres projets sur des formats qui ne sont pas de la télé-réalité ?
En tant qu'animateur, je n'en ai pas pour l'instant. En même temps, il faut voir à la rentrée. Je pense que je vais revenir assez vite au jeu, ce sont les deux genres que je préfère faire à la télévision. J'espère vraiment revenir au jeu l'année prochaine.

Vous faites partie des animateurs partis à Londres tourner des pilotes du jeu anglais Le Cube (voir le jeu) ?
Non, je n'ai pas été invité.

Vous auriez aimé ?
C'est un programme que j'aime beaucoup, oui. Il y a deux formats de jeux que j'aime beaucoup : Le Cube et One Minute to Win it (des candidats doivent relever des défis en une minute, NDLR) qui est très bien. Mais on ne peut pas tout faire. Je suis à l'antenne sept jours sur sept pendant quatorze semaines, c'est compliqué.

Vous avez repéré d'autres formats de jeux ?
Ces deux-là sont deux formats forts mais sinon, je n'en vois pas d'autres. Pour moi, One Minute to Win it est le meilleur format.

Et en tant que producteur, quels sont vos projets ?
Là, on a du boulot. Mes parents vont t'adorer va revenir en prime time sur NRJ 12, on a tourné dix sketchs. On a aussi 12 Bagages qui arrive en quotidienne à la rentrée sur NRJ 12, c'est un format qu'on a acheté aux Etats-Unis. C'est un dating où un garçon ou une fille est face à trois prétendants qui ont chacun un petit bagage, un moyen et un plus grand. Plus on avance dans le jeu et plus on ouvre les bagages qui sont en fait des casseroles : j'ai été marié trois fois, j'ai cinq enfants, je pue des pieds... (rires)

On dirait des secrets de Secret Story !
C'est ça (rires). Ca va se tourner en septembre. Et pour TF1, on a une nouvelle caméra cachée, scénarisée avec des effets spéciaux, un peu dans la veine de Mes parents vont t'adorer. C'est très familial : on la tournera en septembre pour une diffusion en octobre-novembre. On a beaucoup de projets.

Mais pas avec vous à la présentation.
Je veux différencier les choses donc c'est très bien comme ça. Je ne présenterai pas cette nouvelle émission de caméras cachées. On ne peut pas toujours tout faire : produire, se mettre à l'antenne... Il y a des exemples dans le passé qui ont montré que ce n'était pas forcément une bonne chose.

Comme pour Qui peut battre... ? par exemple ?
Non. Sur Qui peut battre...?, je pense que j'aurais dû rester l'homme à battre, on aurait dû se faire confiance, et le score n'avait pas été si mauvais que ça. On n'aurait pas dû changer, on aurait pu monter en audience.

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