La Provence, Nice Matin, Corse Matin, France Antilles, etc. Ce sont les journaux régionaux que Bernard Tapie vient de s'offrir en prenant le contrôle hier du groupe Hersant Média suite à un long feuilleton plein de rebondissements. Les banques créancières du groupe ont finalement approuvé le plan de reprise porté par l'homme d'affaires et la famille Hersant. Elles ont décidé de renoncer à environ 160 millions d'euros de créances (dont le montant total s'élève à 215 millions d'euros) et d'accepter les 51 millions d'euros proposés par l'ancien patron de l'OM.
Déposée in extremis, l'offre concurrente du groupe belge Rossel (déjà propriétaire de La Voix du Nord) a été rejetée parce qu'elle était moins disante et menaçait un éclatement du groupe. Les Belges ont également été victimes du coup de bluff de Tapie qui a déclaré son "retrait définitif" du dossier, laissant les banques regretter son offre...
C'est donc le grand retour de Bernard Tapie qui a déjà connu de nombreuses vies : homme d'affaires, député, ministre de la Ville du gouvernement Bérégovoy, patron de l'OM mais aussi acteur, chanteur et prisonnier ! A 69 ans, il devient donc patron de presse, et serait intéressé par la mairie de Marseille à laquelle il envisagerait, dit-on, de se présenter lors des municipales de 2014.
Une perspective qui ne plaît pas trop au gouvernement, et encore moins à Patrick Mennucci, le baron du PS local. "On n'a pas besoin de Bernard Tapie", s'est-il agacé au micro d'Europe 1. "Si Bernard Tapie est candidat, on fera en sorte de lui barrer la route. Ce n'est pas bien qu'un homme comme lui devienne maire de Marseille. Notre ville a besoin de modernité, de renouveau. Il peut y avoir une élection municipale entre la droite et la gauche qui tranche un certain nombre de questions. Mais nous n'avons pas besoin de M. Tapie à Marseille", estime le député.
Les salariés des journaux, et notamment les journalistes qui couvrent l'actualité marseillaise, craignent aussi des pressions. "Il y a de grandes interrogations et beaucoup d'inquiétudes chez les journalistes, a indiqué à l'AFP Serge Mercier. Cet élu au comité d'entreprise de La Provence demande à connaître "les réels projets pour (le) groupe de MM. Tapie et Hersant" et "les intentions politiques de M. Tapie". Serge Mercier devrait être rapidement fixé : Bernard Tapie doit rencontrer les salariés de La Provence dès cet après-midi.