Taha Bouhafs a-il commis une faute en indiquant vendredi soir sur son compte Twitter la présence d'Emmanuel Macron et de son épouse à la représentation d'une pièce dans un théâtre parisien ? L'information, qui avait été précédée par des tweets émanant d'autres comptes, a provoqué un rassemblement devant le théâtre des Bouffe du Nord et le placement en garde à vue pour "participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations" du journaliste travaillant pour le site de Daniel Mermet "Là-bas si j'y suis". Le jeune homme, qui se définit sur son compte Twitter comme un "journaliste des luttes", a reçu le soutien de certaines personnalités politiques, telle la député de La France Insoumise Danièle Obono.
L'élue était interrogée en duplex samedi après-midi sur BFMTV. La journaliste de la chaîne, Sandra Gandoin, lui a notamment demandé si elle trouvait normal que celui qu'elle a qualifié de "journaliste militant" ait donné cette information sensible sur les réseaux sociaux. "Informer n'est pas un délit, manifester n'est pas un délit. M. Taha Bouhafs est un journaliste. Point", a souligné Danièle Obono en estimant que ce sont les origines de l'intéressé qui lui valent principalement toutes ces critiques.
"Je sais que ça en défrise beaucoup qu'un jeune homme, arabe, sans être sorti des grandes écoles, puisse avoir ce statut, mais il l'est (journaliste, ndlr)". Et Danièle Obono de tacler la chaîne d'information en continu : "Il n'est pas plus militant que les nombreux éditorialistes politiques qu'on retrouve sur vos plateaux et qui prennent des positions politiques sans assumer qu'elles sont des positions politiques", a-t-elle lancé sans toutefois aller jusqu'à donner des noms.
Quelques instants plus tard, Danièle Obono a également estimé que les journalistes devraient être davantage solidaires entre eux. "Je crois que vous devriez plutôt vous inquiéter du fait que, depuis plus d'un an, des journalistes, des photo-reporters, sont arrêtés, sont ciblés dans des manifestations, sont empêchés de faire leur métier. C'est ça qui devrait peut-être vous interroger et constituer le coeur de votre débat", a estimé la députée.
En conclusion, elle a salué l'honnêteté intellectuelle de Taha Bouhafs. "Vous devriez vous mobiliser pour que votre collègue soit libéré plutôt que questionner son statut de journaliste ou en sous-entendant qu'il aurait un point de vue politique alors que vous en avez autant que lui, c'est juste que lui, il l'assume". "On a pris en compte votre demande", s'est contenté de répondre pour sa part le journaliste de BFMTV Benjamin Dubois présent en plateau. puremedias.com vous propose de revoir cette séquence.