Pendant toute la crise qui a frappé Canal+ à l'été 2015, lors de sa sévère reprise en main par Vincent Bolloré, l'Elysée et le Gouvernement sont restés globalement muets, à commencer par Fleur Pellerin. La ministre de la Culture de l'époque s'était montrée très prudente, se gardant bien de critiquer publiquement le milliardaire breton.
S'il n'a rien dit non plus publiquement, François Hollande a été beaucoup plus critique en privé envers le nouveau patron du groupe Vivendi. Dans leur livre "Conversations privées avec le président", paru hier chez Albin Michel et que puremedias.com s'est procuré, Antonin André, le chef du service politique d'Europe 1, et Karim Rissouli, ancien journaliste politique de Canal+ et actuellement à France 5, ont compilé plus de 30 interviews qu'ils ont réalisées avec le président de la République entre le 17 février 2012 et le 24 mai 2016.
En septembre 2015, les deux journalistes n'ont pas manqué d'interroger le chef de l'Etat sur l'affaire Canal+ qui avait fait la Une de la presse tout au long de l'été. Et le président s'est montré excessivement sévère, qualifiant Vincent Bolloré de "pirate" et de "catho intégriste". "Bolloré éradique tout ce qui pouvait être esprit contestataire, à commencer par 'Les Guignols'. (...) Quand Bolloré est venu me voir, il m'a dit : 'On va reprendre 'Le Grand Journal', 'Les Guignols' ça deviendra une émission internationale'. Puis il me dit qu'il va faire venir une nouvelle génération de comiques : Dany Boon et Arthur ! Comme il a un physique plutôt moderne, Bolloré, on ne le voit pas venir mais c'est un catho intégriste en réalité !", a expliqué François Hollande à nos confrères.
"On pourrait penser qu'il a nommé Guillaume Zeller (un temps patron d'iTELE) sans faire attention, mais non ! Bolloré est sur la ligne de Zeller ! C'est un catho intégriste qui reproche à Canal non pas d'être à gauche mais de ne pas être sur ses valeurs à lui. Il reproche à Canal d'attaquer le pape, la religion, etc", a ajouté le chef de l'Etat.
François Hollande s'est toutefois montré très prudent avec celui qui avait prêté son yacht à Nicolas Sarkozy juste après son élection à la présidence en mai 2007. "Je pense qu'il faut se méfier de Bolloré. Mais pas simplement politiquement. Ceux qui ne s'en sont pas méfiés sont morts. C'est un pirate !", a ajouté le Chef de l'état.