Une critique du fonctionnement de l'Académie. Ce mardi, sur le site du "Monde", près de 235 personnalités issues du monde du cinéma ont signé une tribune appelant à plus de démocratie au sein de l'institution des César. Parmi eux, on trouve les signatures de Leïla Bekhti, Bérénice Bejo, Benjamin Biolay, Camille Chamoux, François Damiens, Virginie Efira , Adèle Exarchopoulos, Marina Foïs, Julie Gayet, Michel Hazanavicius, Agnès Jaoui, Reda Kateb, Cédric Klapisch, Vincent Lacoste, Léa Seydoux, Olivier Nakache ou encore Omar Sy. Une tribune publiée quelques semaines avant la 45e cérémonie qui se tiendra le 28 février prochain.
En introduction, tous indiquent que deux marraines, Virginie Despentes et Claire Denis, désignées par de jeunes comédiens pour les accompagner lors du dîner des révélations des nominations, avaient été refusées par l'Académie des Césars, "de façon arbitraire", "voire discriminatoire". Les signataires précisent que le président Alain Terzian a envoyé une lettre d'excuses, "sans répondre sur le fond aux questions soulevées par cette affaire". Selon eux, "le refus de ces marraines n'est qu'un des aspects de dysfonctionnements plus généraux de l'Académie des César".
Les personnalités ayant signé la tribune rappellent que, "bien que membres de l'Académie", ils n'ont "aucune voix au chapitre ni dans les fonctionnements de l'Académie", "ni dans le déroulé de la cérémonie". Elles se désolent également que les comptes annuels de l'APC (Association pour la promotion du cinéma qui régit l'Académie) et ses statuts n'apparaissent plus sur le site des César, dans la partie réservée aux membres. "Cette opacité des comptes est dommageable et participe d'une vision potentiellement fantasmatique de la façon dont l'argent est dépensé", poursuivent-elles.
Par ailleurs, la tribune pointe du doigt les statuts des membres de l'APC qui n'ont "pas évolué depuis très longtemps". "Parmi ses 47 membres, les personnalités viennent de deux horizons : d'un côté, celles qui ont été cooptées à vie à différentes périodes de l'histoire de l'Académie, et dont les dernières cooptations remontent à plus de vingt ans. De l'autre, des membres 'de droit' qui intègrent l'Association dès lors qu'ils sont français et ont obtenu un Oscar aux Etats-Unis", peut-on lire dans le texte publié dans "Le Monde", où il est souligné que "les statuts ne permettent pas qu'un nouveau membre de l'Association soit élu par l'intégralité des 4.700 membres de l'Académie".
"Pourquoi les 4.700 membres de l'Académie ne peuvent-ils pas voter pour élire leurs représentants comme c'est le cas aux Oscars, aux BAFTA ou à l'EFA ? Pourquoi l'Académie est-elle régie par un club de personnes cooptées ou désignées au compte-gouttes ? Comment se fait-il que les membres de l'Association le soient à vie et que ses dirigeants soient indéfiniment rééligibles ?", demandent les signataires. Et de conclure : "Il est temps d'envisager une refonte en profondeur des modes de gouvernance de l'Association afin qu'ils se rapprochent de celles des institutions étrangères et des fonctionnements démocratiques qui les encadrent."
Dans un communiqué ce mardi, après la publication de cette tribune, l'Académie des César a réagi, appelant à "une médiation" du Centre national du cinéma. "L'APC rappelle qu'elle a pris acte des critiques, questionnements et remarque quant à la gouvernance de l'Académie des Arts et Techniques du cinéma. Le conseil d'administration va saisir aujourd'hui le président du CNC afin de nommer un médiateur en charge d'une profonde réforme des statuts et de la gouvernance de l'Académie", explique l'Académie. Et d'ajouter : "Nous appelons à présent à un apaisement afin que ne soit pas mis en danger le bon déroulement de la 45e cérémonie des César."