Point parapluie. Si la conférence de presse à l'Elysée est un exercice à haut risque pour les présidents de la République, elle peut aussi l'être pour les journalistes se risquant à poser une question. Scruté par l'ensemble du milieu politique et journalistique, un reporter posant une question maladroite peut rapidement devenir la risée d'une profession pas toujours confraternelle dans ces cas-là.
C'est cette mésaventure qu'a connue hier une journaliste d'i-TELE/Canal+ lors de la conférence de presse de François Hollande. Voulant légitimement interroger le chef de l'Etat sur sa difficulté à incarner la fonction présidentielle, la jeune femme a choisi de prendre l'exemple d'une récente visite du président de la République à l'île de Sein dans le cadre des commémorations de la Seconde guerre mondiale. Ce jour-là, François Hollande était apparu en train de prononcer son discours sous une pluie battante, refusant de s'abriter. Une image qui, en pleine tourmente politique, avait fait l'objet de nombreux commentaires.
La journaliste de i-TELE a ainsi posé sa question : "Monsieur le président, vous avez toujours dit qu'il fallait respecter et reconstruire la fonction et l'image présidentielle (...) Les Français sont très attachés à cette image et à cette fonction présidentielle. Pourtant, c'est l'image d'un président ruisselant, trempé, qu'ils ont vue lors de la visite à l'île de Sein il y a quelques jours. Et ça les a frappés. Est-ce que vous n'avez pas porté vous-mêmes atteinte à cette fonction présidentielle par votre attitude de manière plus générale ?" a demandé la journaliste. Avant de rajouter, pour finir avec une touche de légèreté : "Pourquoi n'avez-vous pas pris de parapluie ce jour-là ?".
Cette dernière boutade a en fait causé sa perte. Alors que le fond de sa question était légitime, l'histoire pourtant secondaire du parapluie a tout écrasé sur son passage. Précisons en outre que l'Elysée avait déjà expliqué quinze jours auparavant les raisons pour lesquelles François Hollande ne s'était pas abrité ce jour-là à l'île de Sein. Du côté de François Hollande, cette histoire de parapluie était du pain bénit. En responsable politique expérimenté, le président de la République a trouvé là un moyen facile de ne pas répondre à la question de fond.
Après avoir affiché un large sourire, il a ainsi commencé sa réponse par une boutade : "Je ne peux pas comme président de la République supprimer la pluie. Je ne peux pas non plus la provoquer même si certains ont imaginé cette hypothèse" a lancé le chef de l'Etat, provoquant les rires de l'assistance. Il a ensuite déroulé les raisons déjà connues qui l'avaient poussé à rester ce jour-là sous la pluie, parvenant ainsi sans encombre à ne pas répondre à la question de fond posée par la journaliste d'i-TELE.
En plus de râter sa cible, la question de cette dernière a provoqué des remarques acerbes de ses confrères. Ces derniers ont ainsi moqué la légèreté de son intervention.
La question sur le parapluie, c'est une journaliste de @legorafi ?
- Luc Bronner (@lucbronner) 18 Septembre 2014
Très haut niveau la question sur le parapluie à l'ile de Sein...Et il répond ...
- rabilloud (@JfRabilloud) 18 Septembre 2014
Un président de la république qui justifie pourquoi il ne met pas de parapluie / Un pays avec 5 millions de chômeurs #voila #confPR
- Lachevre Cyrille (@CyrilleLachevre) 18 Septembre 2014
#ConfPR Elle vient d'où cette journaliste qui a posé la question parapluie ? Pif Gadget ? La Chaîne Météo ? Parapluie Magazine ?
- Jérôme de Verdière (@jdverdiere) 18 Septembre 2014
"Ça n'intéresse personne de savoir si Merkel se ballade avec ou sans parapluie" s'agace 1 journaliste allemande #Jdd http://t.co/y8PgcxnDlu"
- Bruno Jeudy (@JeudyBruno) 18 Septembre 2014