C'est le média "Le Point", auquel il collaborait épisodiquement, qui a annoncé la triste nouvelle ce jeudi 23 janvier 2025 sur son site internet. "Jean-François Kahn est mort à l'âge de 86 ans", écrivent sobrement nos confrères, avant de rendre hommage à celui qui a cofondé avec Maurice Szafran l'hebdomadaire "Marianne" en 1997. Le titre qu'il a dirigé jusqu'en 2007 a confirmé l'information sur ses réseaux sociaux.
Né en 1938 à Viroflay (Yvelines), Jean-François Kahn a commencé sa carrière de journaliste en 1959 dans les colonnes du journal "Paris Presse l'Intransigeant", avant de collaborer avec "Le Monde et "L'Express" pour notamment couvrir les conflits du monde entier. Devenu éditorialiste sur Europe 1 en 1971, il passe également par la case télé en interviewant de nombreuses personnalités politiques dans des émissions telles que "L'heure de vérité" sur Antenne 2 devenue France 2. C'est également dans les années 70 qu'il parvient à donner un nouveau souffle aux "Nouvelles littéraires", dont il a été le directeur de la rédaction.
Mais son nom restera pour toujours associé aux deux hebdomadaires qu'il a créés : "L'Événement du jeudi" en 1984 et "Marianne". Après avoir quitté la direction du magazine en 2007, il a néanmoins continué d'y tenir une chronique intitulée "Bloc-notes" jusqu'en 2011. On pouvait également écouter ses analyses dans l'émission "C dans l'air" sur France 5, dans laquelle il intervenait régulièrement.
Après des propos polémiques sur l'affaire Dominique Strauss-Kahn en 2012, Jean-François Kahn avait présenté des excuses publiques avant d'annoncer se retirer du journaliste. Il avait cependant continué de collaborer avec le journal belge "Le Soir", dans lequel il publiait des chroniques. Il signait également des tribunes pour "Marianne" et occasionnellement des articles pour "Le Point", qui le décrit dans son article hommage comme "un peu marxiste, un peu chrétien, un peu juif, un peu parisien, un peu bourguignon, un peu européen, un peu de gauche, un peu libéral, finalement du centre, là où il n'a jamais été plus lui-même".
Issu d'un "centrisme révolutionnaire" comme il aimait à le rappeler, il s'était engagé en juin dernier dans "Le Monde" contre la vente de "Marianne" au milliardaire catholique Pierre-Edouard Stérin. "Je ne peux cautionner le fait qu’il y ait un acheteur qui, dans tous les domaines, soit l’exact inverse de ce pour quoi nous avons créé le journal", avait-il déclaré. "Marianne ne peut devenir la propriété d’un personnage ultralibéral en matière économique, qui n’est pas laïc, et qui n’est pas patriote, car toujours exilé fiscal en Belgique", avait dénoncé le cofondateur du journal. "Je refuse que mon nom, encore lié à 'Marianne', soit associé à M. Stérin alors que je suis très inquiet par la montée de l’extrême droite", affirmait Jean-François Kahn.