Il garde le cap. Dans "Le Parisien" ce matin, Gilles Pélisson, patron du groupe TF1, s'exprime pour la première fois depuis le début de la crise avec Canal+, qui a cessé de diffuser ses chaînes jeudi soir. Au cours de cette interview où tous les sujets chauds du moment sont abordés, le dirigeant affiche sa confiance et souligne que le signal des chaînes de TF1 continue d'être livré à Canal+. "C'est eux qui ont décidé de le couper", rappelle-t-il. "Canal+ a déjà reçu plusieurs milliers de demandes de désabonnement", affirme même le dirigeant.
Gilles Pélisson en profite pour contre-attaquer en évoquant le cas de ces particuliers, situés en zone blanche, qui reçoivent la TNT par satellite grâce à TNT Sat, propriété de Canal+ et qui sont eux aussi privés des chaînes de TF1. "Il est inacceptable que ces téléspectateurs soient impactés", estime le patron, qui annonce saisir le Conseil supérieur de l'audiovisuel sur ce point qui impacte 1,5 million de foyers.
Il ne semble pas déstabilisé par la chute brutale des audiences observée ces derniers jours pour des programmes phare tels que "The Voice" ou le "20 Heures" de TF1. "Ce ne sont pas quelques jours de frottement qui nous perturbent, assure-t-il. Les audiences formidables que l'on fait sans Canal peuvent même déranger certains...". Selon le responsable, les audiences de la plate-forme de replay de TF1, MyTF1, ont même doublé ces derniers jours.
De manière plus générale, Gilles Pélisson justifie de nouveau la volonté de son groupe d'être rémunéré pour la diffusion de ses chaînes. "De plus en plus de Français dépensent entre 30 euros et 40 euros par mois pour une offre triple play (téléphone, internet et télévision) : ils payent donc pour recevoir nos contenus. Or, jusqu'à présent, les opérateurs ne reversent rien aux chaînes", déplore-t-il.
"Nos demandes ne sont pas mirobolantes", précise Gilles Pélisson. Le patron du groupe TF1 refuse de donner précisément les montants négociés avec les différents opérateurs, invoquant le "secret des affaires". Selon lui, "c'est moins de 20 millions d'euros par opérateur". Il a donc sorti sa calculette : "si un opérateur a 5 millions de box, ça fait 4 euros par abonné et par an, soit 33 centimes par mois !", affirme-t-il. Un tarif "inférieur à ce qui se pratique en Europe". Il balaie également la crainte de voir les opérateurs augmenter leurs abonnements en mettant en avant le statu-quo adopté par SFR et Bouygues Telecom - qui appartient au même groupe que TF1 -, les seuls opérateurs à avoir signé un accord financier à ce jour avec la première chaîne.
Enfin, Gilles Pélisson relativise les menaces récentes d'Orange et de Free d'emboîter le pas de Canal+ et de stopper à leur tour le signal des chaînes de TF1. "Chacun essaie de montrer ses muscles ! Nous inventons un nouveau modèle, et c'est rarement facile", estime-t-il, tout en espérant une issue rapide au conflit. "J'espère bien que notre différend ne durera pas trois mois !", lance-t-il avec en ligne de mire la Coupe du monde de football, dont TF1 est le diffuseur exclusif.