France Télévisions accélère dans la création. Dans une interview au "Figaro" aujourd'hui, Delphine Ernotte, la présidente du groupe public, promet ainsi de porter l'enveloppe dédiée à la création à 440 millions d'euros par an, contre 420 millions actuellement, et 390 millions lorsqu'elle est arrivée à France Télé à la fin 2015. Destinée à soutenir un tissu de producteurs français durement éprouvé par la crise sanitaire, cette manne supplémentaire de 20 millions d'euros sera tirée des économies réalisées par le groupe. Elle ira aux programmes de stock, à savoir la fiction et le documentaire, tandis que France Télévisions a sanctuarisé ses programmes de flux jusqu'à la fin de l'année.
Cet investissement s'accompagnera d'un "dispositif de soutien pour les intermittents avec qui nous travaillons régulièrement", annonce aussi Delphine Ernotte, qui rappelle avoir pris il y a quelques semaines des "mesures d'urgence en réduisant les délais de paiement des producteurs et en maintenant le développement de nouvelles oeuvres". La patronne de France Télé promet aussi d'aider plus largement le milieu de la Culture en proposant tout l'été une "programmation exceptionnelle pour soutenir les festivals annulés, le théâtre et le spectacle vivant".
La présidente de France Télévisions compte aussi muscler ses alliances avec ses partenaires italiens et allemands, RAI et ZDF, avec lesquels son groupe signe des co-productions internationales comme "Mirage", récemment diffusée sans briller sur France 2. "La crise a laminé la production culturelle européenne et a renforcé la puissance des GAFA. Le combat que je mène depuis longtemps pour la souveraineté culturelle de l'Europe est encore plus d'actualité. Je milite pour un renforcement des alliances passées avec nos partenaires publics allemand et italien", explique Delphine Ernotte, qui devrait faire des annonces dans ce domaine dans les jours qui viennent.
"Alors que nos concurrents privés sont contraints par le marché publicitaire de réduire leurs investissements dans les programmes, nous préférons appuyer sur l'accélérateur et marquer notre différence. Nous pourrons ainsi proposer à nos téléspectateurs de belles séries de tous les genres dans les semaines qui viennent", souligne un cadre de France Télé interrogé. Comme TF1 ou M6, le groupe public n'attend plus désormais que de pouvoir reprendre les tournages, à partir de "fin mai" et progressivement, selon Delphine Ernotte.