Pari osé hier pour France Info. A l'occasion des élections générales au Royaume-Uni, la radio publique avait décidé d'envoyer sa matinalière, Fabienne Sintès, sillonner les rues de Londres dans un "black cab", un taxi typiquement londonien relooké aux couleurs de France Info. Au menu de ce "London Tour" original, des prises d'antenne en direct et en mouvement tout au long de la journée aux quatre coins de Londres. Sur l'ensemble du parcours, des arrêts avaient ainsi été prévus pour faire monter différents invités chargés de décrire les nombreux enjeux du scrutin. Une opération représentant un véritable défi technique et organisationnel que puremedias.com a pu vivre de l'intérieur.
Rendez-vous au tout petit matin pour toute l'équipe de France Info. Avec une prise d'antenne prévue à 7h du matin, heure française (6h au Royaume-Uni), les huit personnes du dispositif se retrouvent dès 5h15 en bas de leur hôtel situé dans South Kensington, un quartier du centre de Londres. Après une très courte nuit, la priorité est d'équiper au plus vite les deux véhicules prévus pour l'opération. Arrivés la veille, les techniciens de la radio publique ont pu faire des essais de transmission concluants mercredi, après de premiers repérages une semaine auparavant. Il s'agit malgré tout d'une première pour la radio publique qui outre la transmission audio depuis un taxi en mouvement à l'étranger, doit aussi s'assurer du bon fonctionnement de la vidéo. L'intérieur du taxi sera en effet filmé tout au long de la journée pour une diffusion en live sur le web.
De son côté, l'équipe éditoriale a travaillé jusqu'à tard dans la nuit sur le déroulé de la journée. Devant faire face aux annulations de dernières minutes de certains invités, il lui reste ainsi certains trous à combler alors que la journée démarre. "Ce qui va manquer, c'est le thermos de café", prévient Fabienne Sintès. Contemplant le peu d'espace qu'offre l'arrière du taxi où jusqu'à cinq personnes doivent prendre place, elle ne peut s'empêcher de lancer à ses camarades : "On va beaucoup s'aimer aujourd'hui". Se débattant au milieu des câbles, des micros et des ordinateurs, les techniciens rencontrent de leur côté leurs premières difficultés pour mettre en place le dispositif. "Pourvu que ça marche", lâche Fabienne Sintès, un brin tendue, alors que l'heure de la première prise d'antenne se rapproche dangereusement.
Pendant ce temps, le premier invité prévu, Denis MacShane, arrive. L'ancien ministre de Tony Blair se présente en survêtement, une casquette vissée sur la tête, créant un moment de flottement. L'homme politique britannique a décidé de profiter de l'heure matinale (5h45) du rendez-vous pour commencer son footing...
Seulement quelques instants avant la prise d'antenne, la liaison audio et vidéo est finalement établie avec Paris. Fabienne Sintès, le rédacteur en chef, Régis Picart, la reporter Anne Lamotte, un technicien et Denis MacShane peuvent enfin se serrer à l'arrière du taxi. "On est parti !", annonce Fabienne Sintès aux auditeurs de France Info, pendant que le convoi quitte lentement Queensburry Place.
Les premières prises d'antenne se déroulent sans accroc. La technique fonctionne et les premiers invités prévus sont à l'heure aux différents points de rendez-vous. Le planning n'en finit pas moins de bouger. Dans la voiture suiveuse, le reste de l'équipe s'occupe ainsi de caler en temps réel les derniers invités, communicant par téléphone avec le rédacteur en chef présent dans le taxi de tête. L'invité prévu pour 10h15 est ainsi calé une demi-heure seulement avant la prise d'antenne. "Ce que j'aime, c'est le côté artisanal. Ca permet de s'adapter à toutes les situations", commente Régis Picart, le chef d'orchestre de la journée, lors d'un des rares moments de pause.
Cela tombe bien, la faculté d'adaptation de l'équipe de France Info va être soumise à rude épreuve tout au long de la journée. Outre plusieurs alertes techniques, l'équipe de la radio publique doit aussi composer avec les célèbres embouteillages de Londres. Passant devant le palais de Buckingham, les deux véhicules sont ainsi obligés de s'arrêter de longues minutes pour cause de relève de la garde royale.
Ces minutes perdues obligent ainsi l'équipe à décaler l'une de ses prises d'antenne. Paris se charge alors de prendre le relais. Un malheur n'arrivant jamais seul, c'est ensuite la technique qui s'emmêle. Vers 14h30, le taxi meneur ne parvient ainsi plus à capter la 4G qui lui permettait d'émettre en audio et en vidéo. Alors qu'une nouvelle prise d'antenne est prévue dans quelques minutes, les deux machines assurant la transmission ne fonctionnent plus.
Après avoir un temps envisagé une transmission via le satellite, forcément compliquée dans cette ville aux nombreux immeubles, l'équipe de techniciens parvient finalement à faire refonctionner l'une des machines mais uniquement en 3G, ce qui ne permet pas de continuer le flux vidéo. L'essentiel, c'est-à-dire l'audio, est cependant assuré. Cet imprévu oblige une nouvelle fois l'équipe à revoir ses plans pour la fin de l'après-midi. Un nouvel itinéraire est ainsi défini en quelques minutes avec un changement dans la répartition des invités.
"C'est aussi un jeu. C'est festif", commente Fabienne Sintès, ravie malgré déjà 10 heures éprouvantes de "road radio" dans les pattes. "Je retrouve mes réflexes de reporter", se réjouit même cette ancienne correspondante de Radio France aux Etats-Unis. Au final, elle et ses équipes auront relevé leur défi : assurer des prises d'antenne totalement fluides pour l'auditeur tout en rendant particulièrement vivante leur couverture de ces élections britanniques. Après un dernier duplex vers 19h30, heure française, l'équipe peut enfin souffler... jusqu'à un nouveau direct prévu le lendemain matin.