Au lendemain de la compétition, l'Arcom a fait les comptes. L'autorité de régulation chargée d'éradiquer le piratage, notamment celui des contenus sportifs, a travaillé à plein régime lors de la Coupe du Monde 2022. Au total, 82 blocages de sites retransmettant illégalement la compétition sur Internet ont été mis en place.
À cette occasion, le gendarme du numérique et de l'audiovisuel a pu profiter pleinement de la loi du 25 octobre 2021 entrée en vigueur au début de cette année. Son article 3 permet aux victimes de piratage de saisir rapidement un juge pour fermer un site pirate. Si celui-ci crée un site "miroir", le même flux piraté sous une adresse différente, l'ayant droit n'a plus besoin de repasser par la case justice. Il peut directement se rapprocher de l'Arcom qui agit rapidement en travaillant avec les fournisseurs d'accès à Internet (FAI).
Une procédure qui peut même être entamée de manière préventive comme l'a fait BeIN Sport. Comme l'a révélé "L'informé", le diffuseur a obtenu du tribunal judiciaire de Paris deux ordonnances préventives restées en vigueur jusqu'à la fin de la compétition. "Nous décomptons 54 blocages à l'initiative de l'Arcom et 82 au total si on ajoute les deux ordonnances relatives à la Coupe du monde", confie le régulateur à puremedias.com.
Les efforts de l'autorité de régulation portent déjà leurs fruits. Dans son étude sur l'impact des blocages des services pirates, l'Arcom a souligné l'efficacité de ses méthodes : "l'audience sportive illicite globale a diminué de moitié (49 %)". Au premier semestre 2022, l'audience des sites pirates était mesurée à 1,7 million de personnes, contre 3,2 millions sur la même période en 2021. L'autorité redoute cependant le développement de l'IPTV illicite, des abonnements pirates permettant, via un boîtier, d'accéder au flux télévisuel sur Internet. Parmi les sites bloqués grâce aux ordonnances de BeIN pendant la Coupe du monde, au moins 7 menaient vers l'un de ces services.
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L'étude de l'Arcom pointe que 9 % des internautes français ont déjà eu recours à ce procédé. Contrairement aux sites, les flux ne peuvent pas être aisément bloqués. Ils peuvent donc être réutilisés par un nouveau site rapidement mis en ligne. Ce développement rapide de l'IPTV illicite annonce une "crise à venir" selon Maxime Saada, le président de l'Association pour la protection des programmes sportifs (APPS) et du directoire du groupe Canal+.