"Le Média" continue de laver son linge sale en public. Après les révélations de "Mediapart" parues vendredi dernier, faisant état de la crise interne qui couve depuis de longues semaines au sein de la webtélé fondée par des membres de La France insoumise, les différentes parties impliquées continuent de donner leur version des faits. Sophia Chikirou, ancienne présidente du "Média" et ancienne présidente de la société de production audiovisuelle du site, est mise en cause pour sa gestion des finances du "Média".
Alors que Sophia Chikirou occupait officiellement sa fonction de manière bénévole - avant de démissionner fin juillet pour se consacrer à la campagne des européennes du parti de Jean-Luc Mélenchon -, la nouvelle direction lui a reproché d'avoir voulu se faire payer à deux jours d'intervalle deux factures d'un montant total de plus de 130.000 euros pour le compte de la société Mediascop dont elle est l'unique actionnaire. Si un premier chèque de 64.119,61 euros a pu être encaissé par Mediascop, le virement suivant a été bloqué par la banque. "Via sa société Mediascop, dont elle est l'unique actionnaire, la consultante Sophia Chikirou donnait des conseils à la présidente Sophia Chikirou", résume Mediapart. Au-delà des questions éthiques posées par ce cas de figure, personne ne parvient à mettre la main sur la convention censée régir les relations entre Mediascop et Le Média.
L'ancienne présidente, se défendant de toute mauvaise gestion, avait annoncé son intention de saisir le tribunal de grande instance pour "demander la désignation d'un administrateur judiciaire provisoire et un audit pour prouver (sa) bonne gestion". Elle semble depuis ce week-end prête à faire machine arrière, la preuve avec ce message posté sur Facebook, dans lequel elle s'adresse aux "Socios" (les abonnés du site) et où elle propose que "des Socios et des personnalités comme par exemple Bruno Gaccio puissent constituer un groupe de médiation indépendant" pour tenter de sortir de l'impasse actuelle.
Les médiateurs idéaux devront, selon l'idée qu'elle s'en fait, ne pas être "entre les mains de (la) nouvelle direction" et s'y connaître en "gestion financière". "Sans médiation, nous ne sortirons pas du conflit. La communication est coupée entre Aude, Gérard, Hervé, Stéphanie et moi", affirme Sophia Chikirou en référence à Aude Lancelin, qui lui a succédé au poste de présidente, à Gérard Miller, co-fondateur du "Média", à Hervé Jacquet, président de l'association "Le Média" - qui chapeaute l'entreprise de presse et la société de production du site - et à Stéphanie Hammou, nouvelle présidente de la société de production. "Si nous parvenons à ce compromis, je renoncerai à saisir la justice", promet Sophia Chikirou, qui conclut son message aux "Socios" en lançant "Aidez-moi !". Elle a créé dans la foulée un sondage "pour" ou "contre une médiation par des socios".
De son côté, dimanche dernier, Gérard Miller, un des co-fondateurs et ancien président de l'association du "Média", mis en cause par Sophia Chikirou, s'est fendu d'une longue lettre adressée aux "Socios" pour donner son point de vue et les enjoindre à continuer à soutenir la webtélé, lui qui était resté jusqu'à présent silencieux. "J'ai décidé de ne plus communiquer dans la presse et je m'y tiendrai", affirme-t-il d'emblée.
Le psychanalyste s'adresse même directement à Sophia Chikirou pour faire le constat suivant : "Tout semble nous séparer aujourd'hui alors que nous avons été particulièrement proches pendant plus d'un an". Gérard Miller récuse les accusations de son ancienne collègue, qui affirme qu'il avait refusé tout idée d'audit des finances du "Média". "J'ai essayé pendant les 15 jours du séminaire (organisé au début de l'été, ndlr) d'y voir un peu clair sur ta gestion (et ce n'était pas facile, crois-moi), et j'aurais refusé que tout s'éclaire comme par miracle", ironise-t-il.
Et de livrer son sentiment personnel sur cette affaire : "J'ai été tout particulièrement indigné de ces rumeurs infâmes sur les avantages financiers que j'aurais tirés du 'Média' et cette pure saloperie diffamatoire, je vous le dis, amis Socios, me restera longtemps en travers de la gorge. Mais bon, espérons que le temps jettera à la rivière le pire de cette histoire et gardera le meilleur."