Elle parle enfin. Ce dimanche, la présidente de France Télévisions Delphine Ernotte se confie au "JDD" afin d'évoquer notamment ses relations avec l'Etat et la santé du groupe audiovisuel public. Affaiblie par une motion de défiance fin 2017, la dirigeante doit renouer avec ses troupes et mener à bien le chantier qui s'annonce. En face, le gouvernement lui impose de lourdes économies, ainsi qu'une longue réflexion concernant la réforme de l'audiovisuel public. Des propositions des politiques devront d'ailleurs être mises sur la table dans les semaines à venir.
Dans un premier temps, l'ex-visage d'Orange souligne qu'il n'y a pas de "climat de tensions" entre France Télévisions et l'Etat. "Je parlerais davantage de nouvelles exigences. Nous travaillons sereinement avec un partage clair des responsabilités : au gouvernement et au parlement de définir la réforme, ma mission consiste à offrir une télévision de qualité aujourd'hui tout en préparant celle de demain", explique Delphine Ernotte, précisant que "le président a clairement exprimé une volonté forte de repenser l'audiovisuel public. On ne peut que se réjouir que ce soit de nouveau une priorité."
Rappelant qu'elle est "la garante" de l'indépendance de France Télévisions, la patronne assure que "l'information et l'investigation sont libres sur le service public", soulignant que "le gouvernement a toujours respecté cela strictement". Elle ajoute que "c'est une bonne chose" que "le gouvernement et les parlementaires se soient saisis du sujet" de la réforme de l'audiovisuel public : "Ce n'est pas aux présidents des entreprises publiques de fixer le cadre, c'est le rôle de l'Etat et du législateur."
Delphine Ernotte évoque ensuite les probables pistes de cette réforme, comme le gros chantier de la troisième chaîne. "Maintenant, nous sommes prêts. Nous voulons aller vers plus de proximité, des synergies très fortes avec France Bleu et, pourquoi pas, des partenariats avec la presse quotidienne régionale", annonce-t-elle, précisant qu'il "faut être prêt à toutes les alliances pour se développer". Des accords pourraient notamment naître avec M6 et TF1 : "La concurrence sur les audiences tous les matins à 9 heures, c'est le vieux monde. Maintenant, ce sont Google et Netflix nos concurrents. Dans le même esprit, je discute avec Orange pour de possibles coopérations."
Plus tard dans l'interview, elle revient sur le conflit avec ses rédactions nationales et la motion de défiance votée contre elle. "Je l'ai prise au sérieux et j'ai compris l'inquiétude des journalistes. Je le redis : la qualité de l'information est une l'une de nos priorités et ne sera jamais une variable d'ajustement", déclare Delphine Ernotte. Pour un autre événement marquant de l'année 2017, la patronne de France Télévisions admet avoir fait une erreur lors du départ de l'ancien présentateur du 20 Heures de France 2. "Je regrette les conditions du départ de David Pujadas, on aurait pu se séparer d'une meilleure manière", glisse-t-elle en conclusion.