Daniel Kretinsky a trouvé l'homme pour diriger son groupe de médias en France... et il n'est pas allé le chercher bien loin. Ce samedi, dans les colonnes de "Challenges", Denis Olivennes a confirmé qu'il allait être nommé à la tête du groupe de médias français détenu par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. "Daniel Kretinsky, avec son conseil Etienne Bertier, m'a proposé la présidence non-exécutive de ce nouveau groupe (appelé CMI France, ndlr) qui éditera les huit magazines acquis auprès de Lagardère ainsi que l'hebdomadaire 'Marianne'", annonce Denis Olivennes à nos confrères de "Challenges". Le dirigeant précise que la forme exacte de la société nouvellement créée, dès lors que la cession sera bouclée début février, n'a pas encore été déterminée et que celle-ci ne portera pas "à ce stade" la participation de Daniel Kretinsky au capital du "Monde".
À la tête de CMI France, Denis Olivennes va retrouver des titres qu'il connaît bien, dont "Elle", "Télé 7 Jours" ou encore "Version Femina". Patron de Lagardère Active pendant six ans - un poste qu'il a quitté l'été dernier -, c'est lui qui avait organisé leur cession à Daniel Kretinsky pour un montant de 52 millions d'euros. Au sein du nouveau groupe de médias, Denis Olivennes devrait retrouver un certain nombre d'anciens de Lagardère, dont Claire Léost, nommée à la direction opérationnelle des neuf titres. En juillet dernier, lors de son départ du groupe Lagardère, Denis Olivennes avait déclaré au "Figaro" : "L'histoire de Lagardère Active s'achève, mais l'histoire de ses actifs historiques se poursuit. (...) Nous menons ce processus de cessions dans le souci de trouver des acquéreurs qui ont des projets industriels durables, qui sont socialement responsables et qui paient le juste prix".
Acteur actif du dépècement du groupe Lagardère, celui qui a aussi été patron d'Europe 1 durant la longue première phase de la dégringolade de la station entre 2010 à 2017, défend son bilan social et financier au sein du groupe d'Arnaud Lagardère. "Entre 2008 et 2012, nous avons signé 200 accords avec les élus du personnel et mis en place deux plans de départ négociés qui n'ont pas été contestés" assure-t-il, se disant "très attaché" à la dimension sociale. "Côté financier, je suis fier de mon bilan financier à Lagardère Active. Entre 2012 et 2018, nous avons amélioré de 33% les résultats de la branche média alors que le chiffre d'affaires presse a baissé de 30%. Et pour les magazines, nous avons maintenu la rentabilité opérationnelle à des niveaux de marge parmi les plus élevés de toute la presse française", vante-t-il.
Concernant les ambitions et l'appétit de Daniel Kretinsky, sources de mille spéculations, Denis Olivennes assure que son nouveau patron a "très certainement" l'envie de poursuivre ses investissements en France, fort de "reins très solides avec 6 milliards d'euros de chiffres d'affaires, l'équivalent du poids du groupe Lagardère". "Daniel Kretinsky ne veut pas perdre d'argent avec ses médias, mais il n'en attend pas non plus une rentabilité comparable à ses autres activités", assure Denis Olivennes, conquis par le magnat tchèque, "un homme d'affaires brillant".
"Fortune faite, pour lui, la question est de savoir comment être utile au continent européen dans une période inquiétante de montée du populisme et des 'fake news'", jure l'ancien homme de confiance d'Arnaud Lagardère. "L'idée est de contribuer à bâtir un groupe de presse libre et indépendante", claironne Denis Olivennes. Interrogé enfin sur l'indépendance des rédactions face à leur nouvel actionneur, le dirigeant vante le fait qu'aucune société de journalistes "ne s'est plainte une seule fois d'interventions politiques ou économiques dans l'éditorial des titres" durant ses huit années passées à la tête de Lagardère Active.