Souvent vantée pour son réalisme, "Homeland" ne convainc pas pour autant les professionnels du monde du renseignement. Plusieurs anciens agents de la CIA ont ainsi pris un malin plaisir à souligner les invraisemblances de la série américaine dans "The Telegraph". Première cible de leurs critiques, le personnage de Carrie Mathison interprété par Claire Danes récompensée de l' Emmy Award de la meilleure actrice cette année. Pour les professionnels de ce milieu, ce profil d'espionne souffrant de troubles bipolaires ne colle tout simplement pas avec la réalité du monde du renseignement. "Pourquoi la CIA accepterait-elle que quelqu'un souffrant d'une maladie mentale grave ait en sa possession des informations top secrètes ?" s'interroge ainsi Aki Peritz, un ancien analyste en contre-terrorisme.
Philip Giraldi, un autre vétéran de Langley, le siège de la CIA en Virginie, trouve lui-aussi que ce trait de personnalité est totalement invraisemblable. "Dans la vraie vie, sa dépendance aux médicaments et sa personnalité névrosée auraient certainement alerté. Elle aurait sans doute été reléguée à un emploi de bureau pour éviter tout problème", explique l'ancien agent secret. Ce dernier confie d'ailleurs avoir arrêté de regarder la série au bout du quatrième épisode tellement il trouvait cet aspect du personnage "ridicule".
Le quotidien à la CIA décrit dans "Homeland" serait tout aussi fantaisiste selon ces anciens agents. Selon Aki Peritz, le quartier général de l'agence est tout d'abord beaucoup "plus moche" que l'élégant bâtiment tout de verre et d'acier visible dans la série. Tara Maller, une ancienne analyste militaire, estime pour sa part que le travail quotidien d'un agent est beaucoup plus triste et monotone que ce qui est montré dans la fiction créée par Gideon Raff. "Homeland prend tous les moments les plus forts en intensité et en adrénaline et les condense sur une heure. La réalité est plus prosaïque" tempère ainsi l'ex-espionne. "Le vrai job d'un analyste est peut-être à 15-20% fait de moments spectaculaires ou tendus. Le reste du temps, c'est juste de l'écriture de rapports" tient-elle à préciser.
Les anciens moquent aussi la façon qu'ont les personnages de parler au téléphone des plus noirs secrets des Etats-Unis et ce, au milieu de la rue. Ils trouvent tout aussi invraisemblable la manie des personnages principaux de rentrer sans prévenir dans le bureau du patron de la CIA, David Este. Une pratique selon eux inenvisageable dans un univers aussi bureaucratique que le renseignement américain. Au milieu de ces multiples critiques, certains de ces retraités de l'espionnage tiennent tout de même à avouer le plaisir qu'ils prennent en regardant "Homeland". "Il faut juste la prendre avec des pincettes et c'est bon" estime ainsi Aki Peritz. "Au final, c'est juste du divertissement" rappelle-t-il.