La polémique remonte à 2014. Lors de la journée mondiale de la trisomie 21, quatre chaînes de télévision dont M6 et Canal+ diffusent un spot publicitaire intitulé "Chère future maman". Dans ce clip, soutenu entre autres par la fondation anti-IVG Jérôme Lejeune et par le Collectif les amis d'Éléonore, des personnes trisomiques expliquent que malgré leur handicap, elles sont heureuses de vivre.
Quelques mois plus tard, le CSA met en garde les chaînes de télévision et leur demande de ne plus diffuser le film, à la suite de vives critiques des téléspectateurs. Dans une lettre adressée à chaque diffuseur, le gendarme de l'audiovisuel explique que le film n'est pas "d'intérêt général" en portant à la "controverse", et que le message est "susceptible de troubler en conscience des femmes ayant fait des choix différents", sous-entendant celui d'avorter.
Cette décision des Sages de l'audiovisuel a provoqué la colère des associations qui ont soutenu le clip, et celle de jeunes trisomiques, qui ont décidé d'attaquer le CSA. La décision revenait mercredi au Conseil d'Etat de trancher sur ce dossier, et ce dernier a finalement préconisé le rejet des requêtes des plaignants. Si le film est "très réconfortant (...) et donne une vision positive de la vie", il peut aussi "atteindre" les femmes qui ont fait le choix d'avorter, a estimé la rapporteure publique, reconnaissant avoir "longuement hésité" dans sa décision.
Toutefois, le Conseil d'Etat a reconnu que le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel avait été "maladroit" dans son argumentaire car "il n'y a pas plus d'intérêt général à encourager ou à interrompre une grossesse". Du côté des jeunes trisomiques et des collectifs qui les ont soutenus, l'intervention du CSA relève de la "censure". "Les handicapés mentaux sont victimes de discriminations permanentes, de quolibets et cette campagne vise à y remédier et rien d'autre. Ils ne se prononcent pas sur l'IVG", a défendu l'avocat des plaignants lors de l'audience.