Le combat pour la diversité à la télévision a encore de beaux jours devant lui. Comme elle le fait depuis 2009, l'Autorité française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex-CSA) a rendu public, ce mardi, son rapport sur la représentation de la société française dans les médias audiovisuels en 2021. Et c'est un euphémisme d'écrire qu'en la matière, le petit écran a encore du pain sur la planche. Sur chaque indicateur analysé par l'Arcom (origine, sexe, âge, catégorie professionnelle) sur 1.800 heures de programmes tous genres confondus, la télévision - et particulièrement les chaînes info - n'est pas représentative de la société telle qu'elle est.
La part des femmes à l'antenne est ainsi quasi-stable à 39% (contre 38% en 2020), alors qu'elles représentent 52% de la population selon l'Insee. Les chaînes historiques font figure de bon élève sur cet indicateur, leur antenne étant composée de femmes à 44%. La représentation des catégories socio-professionnelles dites supérieures apparaît, quant à elle, disproportionnée (75% à l'antenne) par rapport à leur poids dans la réalité (28%).
Cette surexposition pénalise naturellement la présence à l'antenne des catégories dites inférieures (CSP-), représentées à hauteur de 10%, et des inactifs (15%) et donc de leurs préoccupations. "C'est préoccupant de voir que, malgré la crise ou les questions de pouvoir d'achat, les chaînes n'arrivent pas à représenter ces catégories. Elles doivent s'inviter à l'écran, comme lors de la crise des 'Gilets jaunes'", remarque, dans "Le Monde", la membre du collège de l'Arcom, Carole Bienaimé Besse.
Résultat : "La télévision donne à voir une image très urbaine de la société avec toutefois des déséquilibres au sein de cet ensemble : les habitants des centres-villes historiques y sont très largement représentés (65%) contrairement à ceux des banlieues (4%)", illustre l'Arcom.
Les quatre chaînes info sont particulièrement dans le collimateur du Sage de l'audiovisuel puisque depuis leur intégration cette année dans le baromètre, la représentation des personnes dites "non-blanches" a reculé en 2021 à la télévision : 14% en 2021 contre 16% en 2020. "Leur présence est particulièrement faible sur les chaînes d'information en continu (BFMTV, CNews, LCI, franceinfo:, ndlr) puisqu'elles ne représentent que 10% des personnes indexées", déplore l'Arcom. Seule BFMTV fait office d'exception avec un taux de 14%. "L'information, qui est en prise avec la réalité de la société française, devrait donner à voir une plus juste représentation de celle-ci", estime l'Arcom.
L'Autorité note en parallèle que "43% des personnes ayant une attitude à connotation négative dans les programmes d'information sont vues comme 'non-blanches'". Un chiffre en hausse de onze points par rapport à 2020. Dans "Le Parisien", LCI promet, ce matin, un effort notable en matière de diversité sur son antenne dès la rentrée prochaine.
Notons, pour finir, la très faible représentation à la télévision des retraités, des femmes de plus de 50 ans, des plus jeunes et surtout des personnes en situation de handicap. "La proportion de personnes handicapées à l'antenne ne parvient toujours pas à dépasser le seuil symbolique de 1%, ce qui reste toujours très insatisfaisant", regrette l'Arcom. La France compte pourtant en son sein 12 millions de personnes atteintes d'un handicap.