Suite de notre journée spéciale Elise Lucet. La journaliste nous parle de son journal de 13 Heures qu'elle présente depuis 2005. Cette année-là, elle abandonne le "19/20" après 15 années de service pour reprendre le journal de la mi-journée abandonné en milieu de saison par Christophe Hondelatte. Depuis, Elise Lucet a pris ses marques et a stabilisé l'écart entre son JT et celui de Jean-Pierre Pernaut sur TF1.
Propos recueillis par Benoît Daragon et Benjamin Meffre.
puremedias.com : C'était votre anniversaire la semaine dernière : huit ans que vous présentez le 13 Heures. Ressentez-vous de la lassitude ?
Elise Lucet : Il n'y en a pas uniquement parce que je fais de l'investigation à côté. Si je n'en faisais pas, il y aurait non seulement de la lassitude mais aussi une grosse frustration. Tous les jours, on fait un panorama de l'info. C'est passionnant mais on n'a pas toujours le temps d'approfondir les sujets. Je suis contente de pouvoir me poser parfois sur des sujets et de les traiter à fond. Si je n'avais pas ces deux jambes, je ne pourrais pas être heureuse dans mon métier.
Et pourtant, votre 13 Heures a des rubriques qui permettent de traiter longuement des sujets...
Oui, j'ai choisi de faire ce 13 Heures car il a plein de rythmes différents, des interviews, des feuilletons, etc. Il y a huit ans, Patrick de Carolis m'avait dit que j'étais dingue de quitter le "19/20", un journal qui marche très bien pour le 13 Heures, un journal qui à l'époque ne marchait pas ! (rires) Mais j'aime beaucoup ce mélange qui me ressemble.
Ces derniers mois, vous avez encore développé le côté magazine du journal.
Le journal a beaucoup changé depuis deux ans avec l'arrivée de l'infographie et des experts qui viennent les expliquer en direct devant un grand écran. On essaye aussi de faire bouger nos reporters quand ils sont en duplex. Parfois, c'est très réussi. Parfois, c'est raté. (rires) Ces nouveautés correspondent au changement du public. Les gens ayant l'info brute ailleurs, il est fondamental qu'on la décrypte et qu'on la mette en perspective.
Vous travaillez sur de nouvelles évolutions ?
Oui, bien sûr ! Un journal évolue tous les jours ! Avec Thierry Thuillier, (le directeur de l'information de France Télévisions, ndlr), on réfléchit pour que ce rendez-vous ressemble toujours plus à la chaîne et à nos envies. Cela demande du temps.
Est-ce qu'avoir un 13 Heures à l'époque des chaînes d'info en continu est encore pertinent ?
Plus ça va, plus cela a un sens. On a une vraie différentiation. Quand les chaînes info sont nées, on a eu un petit complexe d'infériorité car elles étaient à fond, tout le temps. On voulait tous être les premiers. Et toutes les chaînes ont donné des infos erronées. On a fini par comprendre qu'on avait un rôle différent : c'est la plus-value qu'on donne à nos sujets qui fait la différence avec les flux d'info en continu. La crédibilité, le décryptage, la pédagogie : c'est France 2.
Quand on vous écoute, on se dit que vous ne pourriez pas travailler sur une chaîne d'info en continu...
Non, c'est clair, je ne pourrais pas. A 25 ans, j'aurais adoré. J'aime beaucoup regarder ces chaînes, il y a de très bons journalistes. Mais aujourd'hui, je n'ai pas envie de ça. L'adrénaline du quotidien, je l'ai avec le journal. J'aime être surprise par des évènements, être dépassée par des imprévus. Mais ces chaînes ont un côté boulimique qui ne me plaît pas. Il faut en permanence "nourrir le monstre".
> Elise Lucet, l'interview P1 : "Nous ne sommes pas les chevaliers blancs de l'info"