Quatrième et dernière partie de notre grand entretien avec Elise Lucet, invitée spéciale aujourd'hui de puremedias.com. La présentatrice du 13 Heures et de "Cash Investigation" sur France 2 a bien voulu répondre de manière "cash" aux questions tout aussi "cash" de la rédaction.
Propos recueillis par Benoît Daragon et Benjamin Meffre.
Le 13h Heures de Jean-Pierre Pernaut est-il un JT comme les autres ?
Elise Lucet : Non, ce n'est pas un JT comme les autres. Jean-Pierre Pernaut a fait des choix clairs et il les assume fort bien. Vous regardez le 13 Heures de TF1 et celui de France 2, ce n'est pas du tout la même chose. Ce sont deux offres totalement différentes.
Est-ce que le 20 Heures vous intéresse ?
Non, pas du tout. Je suis plus passionée aujourd'hui par le développement de l'investigation que par le fait de courir après une place de 20 Heures.
Est-ce que vous aimeriez, au moins une fois, annoncer le nom du vainqueur à la présidentielle à la place de David Pujadas ?
Quand on en discute avec Thierry Thuillier (le patron de l'info de France Télévisions, ndlr) et qu'il me dit : "tu fais la soirée présidentielle avec David (David Pujadas, ndlr)", je sais que c'est lui qui va annoncer le nom du président. Les règles sont connues à l'avance. Après, j'ai toujours la liberté de dire : "je n'y vais pas". Je n'ai d'ailleurs pas dit si j'irai à la prochaine.
Vous pourriez lui dire que ça sera à votre tour de l'annoncer la prochaine fois, au nom de la galanterie ?
Il pourrait me le dire lui aussi. Il pourrait être galant ! (Elle éclate de rire)
Est-ce que "Enquête exclusive" sur M6, c'est de l'investigation ?
Disons qu'il y a autant de différence entre "Enquête exclusive" et "Cash Investigation" qu'entre le 13 Heures de TF1 et le 13 Heures de France 2 !
"Enquête d'action", "90' Enquêtes", "En quête d'actualité" ... Ces trois émissions de la TNT n'ont-elles pas toutes le même mot en trop dans leur titre ?
Très franchement, je connais peu ces émissions. J'en ai vu une ou deux et ça fait un peu peur parfois. Pour faire de l'investigation, il faut du temps et de l'argent. Sur la TNT, on a peu de temps et peu d'argent. Je crois que c'est une erreur de vouloir faire semblant de faire de l'investigation parce que le téléspectateur voit très vite que ce n'est pas vrai.
N'êtes vous pas un peu la mère spirituelle de Yann Barthès qui met aussi en avant ce côté irrévérencieux ? Vous aimez ce qu'il fait ?
Oui, j'aime bien son côté irrévérencieux. Parfois, c'est réussi, parfois ça l'est moins, comme nous. Ca a au moins le mérite d'être une émission totalement différente des autres. En dénonçant les travers de la communication, il fait en plus oeuvre de salubrité publique. Donc merci Yann Barthès !
La couverture annuelle de Paris Match de Claire Chazal, ça vous inspire quoi ?
C'est bien, on sait en quelle saison on est. C'est un bon marqueur pour savoir que la rentrée approche. Si vous me demandez si j'ai envie de faire la même chose, la réponse est non. Chacun dans son rôle.
Comment trouvez-vous Gilles Bouleau ?
Bien. Je trouve qu'il renvoie une image sérieuse et rigoureuse des journalistes. Il ne renvoie pas au spectaculaire ou à l'image justement, mais au fond des choses. Ce côté très journaliste, qu'a aussi David Pujadas, me plaît. Gilles, c'est quelqu'un de très bien.
Vous vous sentez proche du travail de Médiapart ?
Plutôt oui, je pense qu'on partage le même goût de l'investigation sérieuse, du boulot bien fait. On s'observe, on échange, on collabore parfois, avec beaucoup de respect, mais aussi une vraie indépendance pour eux comme pour nous.
Vous vous voyez un jour dans autre chose que l'info à la télévision ?
Franchement non. C'est vraiment ce qui passionne profondément.
Et sur un autre média ? La radio ?
La radio, oui, pourquoi pas. Après, je connais mes limites. Je pense qu'il ne faut pas vouloir faire trop de choses à la fois. Je suis plutôt un artisan. J'ai envie de faire peu de choses mais bien. Mais je ne dis pas non à la radio à un autre moment de ma vie parce que c'est vraiment un média que j'aime. J'aime l'intimité de la radio. C'est passionnant de voir qu'il peut se dire plus de choses à la radio qu'à la télé.
> P1 : "On n'est pas les chevaliers blancs de l'info"
> P2 : "Je ne pourrais pas travailler pour une chaîne d'info en continu"
> P3 : "Oui, j'ai un coté punk !"