Emmanuel Macron part en guerre contre les "fake news". Lors de ses voeux à la presse hier à l'Elysée, le président de la République a annoncé la rédaction prochaine d'une loi pour lutter, en "période électorale", contre les fausses nouvelles sur internet. Un moyen de "protéger la vie démocratique", a assuré le chef de l'Etat.
Lui-même visé par des fausses informations durant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a fustigé lors de son intervention "cette propagande articulée avec des milliers de comptes sur les réseaux sociaux", qui "en un instant répandent partout dans le monde, dans toutes les langues, des bobards inventés pour salir un responsable politique, une personnalité, une figure publique, un journaliste". "Nous savons que cela fonctionne. Nous l'avons vue à l'oeuvre à l'étranger mais aussi en France", a-t-il regretté, pointant du doigt à plusieurs reprises mais sans les nommer, les "démocraties illibérales" qui financent la propagation de ces fausses informations.
Emmanuel Macron a ainsi annoncé la rédaction d'une loi qui imposera notamment aux plates-formes "des obligations de transparence accrue sur tous les contenus sponsorisés afin de rendre publique l'identité des annonceurs et de ceux qui les contrôlent, mais aussi de limiter les montants consacrés à ces contenus". Une référence directe à l'achat de tweets sponsorisés par Russia Today lors de la campagne présidentielle américaine. "En cas de propagation d'une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge à travers une nouvelle action en référé permettant le cas échéant de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l'accès au site internet", a également fait savoir le chef de l'Etat.
Pour lutter contre les "fake news", Emmanuel Macron compte aussi sur le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA). Ce dernier se verra ainsi confier des pouvoirs accrus "pour lutter contre toute tentative de déstabilisation par des services de télévision contrôlés ou influencés par des Etats étrangers"."Cela permettra (...) de refuser de conclure des conventions avec de tels services", ou de "suspendre ou annuler" ces conventions "en prenant en compte tous les contenus édités par ces services, y compris sur internet", a ajouté le chef de l'Etat. Un menace claire adressée une nouvelle fois à Russia Today, qualifié publiquement "d'organe de propagande" par Emmanuel Macron devant Vladimir Poutine en mai dernier, et qui vient de se lancer en France en décembre 2017.
En sus de ces démarches étatiques, le chef de l'Etat a par ailleurs demandé à la profession journalistique d'entamer "une réflexion" déontologique "de fond". En ce sens, "la démarche de Reporters sans frontières d'inventer une sorte de certification des organes de presse respectant la déontologie du métier me paraît non seulement intéressante mais souhaitable", a-t-il déclaré. "Il vous revient d'organiser les règles de votre profession si nous ne voulons plus que tout puisse se valoir et qu'aucune hiérarchie ne soit faite", a-t-il ajouté en direction des journalistes, estimant que "toutes les paroles ne se valent pas".