Depuis quelques mois, SFR offre un service inédit baptisé SFR Presse qui propose l'accès sur PC, Mac, smartphones et tablettes à un kiosque numérique pour 19,99 euros sans engagement. Le service est également compris dans le forfait de la plupart des abonnés internet et mobile de l'opérateur telecom.
SFR Presse compte désormais 65 titres, dont ceux qu'il détient comme "L'Express" ou "Libération", mais aussi des titres de groupes concurrents comme "Le Figaro", "Elle" "Le Parisien/Aujourd'hui en France" ou "Paris Match". Ce kiosque numérique permet ainsi à SFR d'enrichir son offre de contenus et en théorie, aux éditeurs de booster leur diffusion.
Invité ce matin de "L'instant M" sur France Inter, Etienne Gernelle, le patron du "Point", a vivement critiqué le modèle économique du kiosque numérique de SFR, auquel il refuse de faire participer son titre, tout comme le groupe Le Monde. "SFR Presse est une machine à tuer la presse parce que c'est gratuit ou virtuellement gratuit", a attaqué Etienne Gernelle. Le directeur du journal a notamment critiqué la possibilité donnée par SFR à ses abonnés box ou mobile, d'avoir accès à son kiosque gratuitement. "Cela signifie que les journaux valent zéro !", a-t-il lancé.
"Même quand on prend juste l'offre SFR Presse, il suffit de diviser le prix par le nombre de journaux, et on voit que ce sont des centimes ou des dizaines de centimes par journaux. C'est d'ailleurs la rémunération proposée par SFR Presse aux journaux", a poursuivi Etienne Gernelle. Ce dernier a précisé que le prix proposé par SFR pour le "Point" valorisait le journal "au dixième de son prix normal".
Citant le prix de l'abonnement numérique au "Point", fixé à 10 euros, Etienne Gernelle a estimé que les prix pratiqués par SFR constituaient "une destruction de valeur pure". "Comment un journal vit dans ces conditions-là ? Comment paye-t-il ses journalistes, des reportages ? Ca pose une vraie question sur l'avenir de la presse. Ce système organise le massacre de la presse de qualité", a taclé le directeur de l'hebdomadaire.
"Que SFR distribue la presse, je trouve ça très bien. Je n'ai aucun problème avec eux en particulier (...) S'ils sont distributeurs, ils prennent une commission. Nous, on est vendu sur le kiosque d'Apple. Ils prennent 30% de commission. C'est cher mais ça m'est égal ! C'est normal qu'un distributeur prenne une commission à partir du moment où il nous aide à vendre ce que l'on a. Mais qu'ils ne détruisent pas la valeur de notre produit, de ce qu'on fait, du journalisme ! Ca, ce sont des calculs à courte vue", a conclu Etienne Gernelle. puremedias.com vous propose de revoir cette séquence.