Europe 1 veut retrouver son âme. C'est en substance le message qu'a martelé Laurent Guimier, vice-président de la station depuis mai dernier, ce matin à l'occasion de la conférence de presse de rentrée de la station de la rue François Ier. Pour le dirigeant, le sens de la nouvelle grille lancée en cette rentrée est de "repositionner Europe 1 dans son créneau historique". Laurent Guimier dit avoir la conviction que "(les) auditeurs perdus d'Europe 1 ne sont pas très loin". S'il refuse de donner un objectif d'audience chiffré, il assure que ces auditeurs "orphelins d'Europe 1" sont sa cible prioritaire.
Le dirigeant a bien sûr une idée précise de l'endroit où ont trouvé refuge ces "auditeurs perdus", à savoir les ondes de RTL et RMC. "L'idée ce n'est pas de faire de l'oeillade aux auditeurs de ces stations. On ne cherche pas à leur piquer des auditeurs mais à ramener ceux qui ont trouvé un substitut dans ces antennes ces dernières années", explique-t-il. Laurent Guimier réfute par ailleurs l'idée de copier les deux antennes concurrentes. "Europe 1 revient juste à ce qu'elle était à sa création en 1955 : LA radio qui met les auditeurs à l'antenne et qui sait les écouter", poursuit-il, après avoir rappelé qu'Europe 1 était au contraire "la station qui prenait le moins d'auditeurs à l'antenne ces dernières années".
Pour partir à la reconquête des auditeurs déçus, Laurent Guimier entend donc miser sur sa nouvelle grille, qui veut se démarquer en étant moins dans le "parisianisme" et plus "bienveillante", via notamment l'expulsion des "chroniqueurs acides, inutiles et sans talent". La proximité est ainsi le maître-mot. Un contre-pied quasi-assumé de la grille d'Europe 1 de la saison dernière. Et si Laurent Guimier a déjà commencé à procéder à des ajustements en raccourcissant et en re-formatant l'émission de Laurence Boccolini, le dirigeant élude : "Nous sommes en discussion permanente avec nos animateurs. Laurence se sentait plus à l'aise dans une émission de jeu d'une heure. Nous avons donc changé le format et c'est aujourd'hui exactement ce que j'ai envie de voir sur Europe 1 à cet horaire". "Je fais maintenant ce que je sais faire de mieux : jouer !", abonde l'animatrice.
Toujours dans la logique de re-créer du lien avec les auditeurs, Laurent Guimier annonce le retour prochain - "avant Noël" - des journées spéciales délocalisées en province. "Europe 1 doit aller retrouver ses auditeurs", martèle celui qui assure qu'il se rendra en régions avec l'équipe des études de la station pour "dialoguer avec les auditeurs et écouter ce qu'ils ont à dire". S'il n'entend pas ressusciter le légendaire "Podium" d'Europe 1, Laurent Guimier affirme vouloir en retrouver l'esprit. À Paris, si Europe 1 quittera "selon un calendrier qui sera bientôt défini" ses locaux historiques de la rue François Ier pour s'installer à Javel dans le 15e arrondissement, la station continuera de rendre hommage à son glorieux passé en baptisant symboliquement "studio Pierre Bellemare" son futur grand studio
Si Laurent Guimier fait référence au passé de la station, le dirigeant assure aussi construire "ce que sera Europe 1 demain". Il annonce ainsi la création d'Europe 1 Studio, un label pour lequel travaille une dizaine de personnes, et qui a vocation à développer les nouveaux usages radiophoniques. Plusieurs créations originales en podcast sont ainsi annoncées, ainsi que des contenus spécifiques pour les assistants vocaux de type Alexa (Amazon). Via Europe 1 Studio, qui sera "un acteur très puissant à très court terme" selon Laurent Guimier, la station veut aussi favoriser l'émergence de nouveaux talents, dont la jeune recrue Hugo Travers. L'effort est également mis sur le numérique avec une nouvelle version du site web, mise en ligne en août dernier, ainsi qu'une refonte à venir de l'application. Par ailleurs, les émissions seront plus présentes sur les réseaux sociaux.