Delphine Ernotte affiche ses ambitions pour la fiction. Dans le cadre du contrat d'objectifs et de moyens passé en décembre avec l'Etat, la présidente de France Télévisions s'est engagée à augmenter de 20 millions d'euros par an jusqu'en 2020 l'enveloppe budgétaire dédiée à la création. Soit 420 millions d'euros, avec un financement pour deux tiers par des économies de structure et pour près d'un tiers par la dotation publique supplémentaire votée par le Parlement cette année.
Première priorité de ce "plan création" détaillé à puremedias.com : produire plus pour rayonner plus. "Si nous voulons exporter, exister dans le monde, il faut du volume", explique Delphine Ernotte, estimant que "la France est à la traîne en matière de création audiovisuelle". Quand l'Hexagone, toutes chaînes françaises confondues, produit 650 heures de fiction chaque année, ses concurrents européens comme l'Allemagne en alignent près de 2.000.
Rapidement, France 2 et France 3 vont donc mettre en chantier davantage de séries. De nouvelles cases "fiction", en prime time et en deuxième partie de soirée, vont ainsi être lancées. Si le détail de la nouvelle programmation ne sera annoncé qu'à la fin du mois au FIPA de Biarritz, Delphine Ernotte fait savoir d'ores-et-déjà qu'elle compte lancer un feuilleton quotidien sur France 2 dès 2018, en plus de "Plus belle la vie". Autre projet, une offre de comédie le week-end sur l'une de ses antennes. "L'idée est d'avoir une vraie diversité dans les formes narratives, dans les sujets et les époques traités", assure la présidente de France Télévisions.
Delphine Ernotte veut s'appuyer sur ce plus grand volume de production pour rayonner davantage. Elle place ainsi son plan sous le sceau du "patriotisme culturel", voulant faire exister à l'international "le point de vue français, et la manière française de raconter des histoires". Dans ce domaine comme dans d'autres, elle annonce la signature dès 2017 d'une co-production internationale d'origine française. Netflix ne semble pas faire partie des partenaires envisagés. "La vocation de France Télévisions n'est pas de nourrir Netflix", tranche la présidente à propos du géant américain.
L'objectif de ce plan est aussi de mieux exposer les oeuvres de son groupe, en facilitant la consommation légale des séries après leur diffusion à la télévision pour lutter contre le streaming sauvage. Dès le 2 mai 2017, France Télévisions dévoilera ainsi une nouvelle plateforme vidéo unique et simplifiée permettant d'accéder à ses services de télévision de rattrapage (Pluzz) et de vidéo à la demande (Pluzz VAD)*.
Sur le modèle de CanalPlay et de Netflix, France Télévisions veut aussi lancer dès l'automne 2017 une offre de vidéo par abonnement (SVOD). France Télévisions discute actuellement avec des grands producteurs français (Banijay, Newen, Lagardère Studio...) pour ouvrir son catalogue à d'autres oeuvres que celles diffusées sur ses antennes. Seul critère de sélection : que les fictions sélectionnées soient françaises. Delphine Ernotte précise par ailleurs que cette plateforme de SVOD devra être "autosuffisante financièrement".
Dernier axe du plan création de France Télévisions, investir davantage dans des formats conçus pour le web, plus précisément pour le mobile. Alors que Vivendi mise déjà sur ces formats courts avec Studio+, Delphine Ernotte annonce qu'une part du budget de création des antennes de France Télévisions sera consacrée à cet investissement d'avenir. Ces fictions auront notamment vocation à être diffusées sur les plateformes web de France Télévisions mais pas seulement. La présidente de France Télévisions n'exclut pas que certaines d'entre elles puissent se retrouver sur les antennes des chaînes de France Télévisions. Dans ce domaine comme dans d'autres, Delphine Ernotte ne "s'interdit rien".
* Paiement à la vidéo consommée
** Accès à un catalogue d'oeuvres en échange du paiement d'un abonnement