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Le patron du "Monde" dénonce le harcèlement moral de son nouvel actionnaire
Publié le 8 décembre 2010 à 15:21
Par Julien Lalande | Journaliste - Directeur de la publication
Dans une lettre, Eric Fottorino critique vertement et se dit "trahi" par le trio BNP.
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Fin septembre, le trio Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse (BNP) a pris le contrôle du groupe Le Monde, alors en proie à des difficultés financières. Les trois hommes ont injecté plus de 100 millions d'euros pour devenir les actionnaires majoritaires du groupe. Très vite, ils ont nommé des hommes de confiance pour tailler dans les coûts : Louis Dreyfus, conseiller de Matthieu Pigasse, et Michael Boukobza, un proche de Xavier Niel.

Dans un courrier transmis à l'ensemble des actionnaires et révélé par Mediapart, Eric Fottorino, le directeur du Monde, critique vertement l'attitude des nouveaux actionnaires. « Si je me suis personnellement et nettement prononcé pour le rachat du groupe par "Le Monde libre" (la société constituée par le trio BNP, NDLR) trop plutôt que par ses prestigieux concurrents (...) c’est sur la base d’engagements forts et clairs pris par MM. Bergé, Niel et Pigasse : (...) s’appuyer sur son management, sur ses équipes, pour redresser la situation financière et mettre en œuvre une stratégie définie en commun (...) Depuis la mi-novembre, aucun de ces engagements n’est tenu. Je suis déçu. Je me sens trahi », explique-t-il.

Les deux hommes de confiance de trio BNP « mettent en œuvre des instructions reçues de nos actionnaires, la situation financière du Monde exigeant donc des mesures aussi drastiques que de déposséder le directoire de toute fonction de gestion, de négocier un budget sans son aval et de mettre en œuvre des restructurations qui l’exposent », poursuit-il. Surtout, Eric Fottorino dénonce un « harcèlement moral managérial qui montre son visage mais ne dit pas son nom ».

« Dois-je comprendre que le but de tout cela est de dégoûter le management pour lui faire quitter l’entreprise en évitant de lui verser des indemnités de licenciement ? (...) J’entends maintenir le cap et poursuivre mon action sur la base des engagements pris par les actionnaires lors de la reprise du Monde», conclut Eric Fottorino. Mais il lui sera difficile désormais d'espérer jouer la base contre la pression venue d'en haut », conclut-il.

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