Le service juridique de France Télévisions engagera les suites juridiques qu'il jugera nécessaires. Mercredi dernier, Marine Le Pen a publié sur son compte Twitter une vidéo compilant des reportages réalisés par France 3 Bourgogne Franche-Comté, pointant du doigt la délinquance dans la ville de Chenôve. "Des villes comme Chenôve, où la racaille impose sa loi et terrorise les habitants, il y en a des dizaines et des dizaines. Je ne me résous pas à cette impuissance d'Etat : Il est possible de mettre au pas ces voyous et d'en finir avec le laxisme", a écrit la présidente du Rassemblement national avec la vidéo.
Ce vendredi, France 3 Bourgogne Franche-Comté publie un article accusant Marine Le Pen d'avoir "piraté" ses images. "En deux minutes et dix secondes, la vidéo diffusée sur Twitter agglomère et amalgame 9 extraits de sujets de France 3 Bourgogne. Les éléments les plus angoissants ont été délibérément choisis et juxtaposés sans aucun élément de contexte ou de chronologie", débute la locale de la troisième chaîne. Et d'ajouter : "Tous les éléments d'explication ont été ôtés. Le tout renvoie une image angoissante qui correspond au message que veut faire passer Marine Le Pen."
La chaîne propose alors de revenir point par point sur chaque extrait utilisé par la députée RN, soulignant que "les contresens sont multiples". Ainsi, un extrait montre un homme tirant à la carabine. Il n'est en fait pas lié aux violences urbaines mais à un différend amoureux entre trois personnes. Dans une autre partie de la vidéo, le maire de Chenôve réagit à la dégradation d'un skate-park de la ville. "Là encore, l'auteur du montage exclut volontairement tout élément de contexte. Celui-ci est pourtant indispensable à la compréhension du sujet. Il ne s'agit pas de dégradations liées à des incivilités mais de tags à caractère politique sur les installations sportives destinées aux jeunes", précise France 3 Bourgogne.
Au total, l'antenne régionale de la troisième chaîne compte 34 reportages sur la commune de Chenôve depuis le début de l'année et 10 sont liés plus ou moins directement aux épisodes de violences. "La rédaction de France 3 Bourgogne s'efforce de couvrir de manière équilibrée et juste l'actualité dans cette commune de l'agglomération dijonnaise comme partout ailleurs. En évitant l'angélisme comme la dramatisation", poursuit la chaîne, rappelant que "la réutilisation illégale d'images sans autorisation, de façon partielle et avec un objectif partisan détourne le travail de toute une rédaction."
Si Marine Le Pen a popularisé sur les réseaux sociaux cette vidéo, cette dernière a été montée par Pierre-Louis Mériguet, connu par France 3 Bourgogne pour être un militant issu de la droite identitaire. Il est d'ailleurs l'auteur de la vidéo enregistrée le 11 octobre dernier lorsque Julien Odoul a dénoncé violemment la présence d'une femme voilée dans l'enceinte du Conseil régional.
"La reprise et le montage de vidéos de France Télévisions est une atteinte aux droits patrimoniaux et moraux des auteurs. Il s'agit d'une contrefaçon", explique le service juridique de France Télévisions, qui n'écarte pas d'éventuelles suites juridiques si nécessaire. "Quand le public voit le logo de la chaîne, il est en droit d'attendre une information objective, fiable et vérifiée, qui correspond aux valeurs du service public. Ce logo France 3 ne doit en aucun cas être associé à un mouvement politique, quel qu'il soit", déclare la chaîne. Et de conclure : "Nous resterons vigilants à ce que notre travail ne soit dévoyé par personne."