Delphine Ernotte a un nouveau (gros) caillou dans sa chaussure. Une semaine après avoir sorti tambours et trompettes pour célébrer l'attribution des droits des Jeux olympiques 2024 au groupe audiovisuel public, la patronne de France Télévisions se trouve dans l'embarras. Ce lundi, le syndicat FO de France Télévisions a annoncé à l'AFP qu'il ne signera pas le projet de rupture conventionnelle collective du groupe. C'est le troisième syndicat à rejeter le projet, auquel le SNJ et la CGT, syndicat majoritaire, sont également opposés.
La loi requérant l'accord de 50% des organisations syndicales, le projet, qui prévoit la suppression nette de 900 postes d'ici 2022, sur une base volontaire et sous la forme d'une rupture conventionnelle collective, est donc rejeté. "Nous avions négocié ce texte et nous avions obtenu pas mal d'avantages pour les salariés mais la direction ne veut pas organiser de référendum et FO ne peut pas assumer cette responsabilité. Le texte est mort", a déclaré Eric Vial, secrétaire général de FO-médias, à l'AFP. De son côté, contacté par l'AFP, le groupe France Télévisions n'a pas souhaité faire de commentaire.
Syndicat majoritaire à France Télévisions (avec plus de 40% des voix, ndlr), la CGT avait quitté la table des négociations dès le mois de janvier. Depuis, le syndicat, fermement opposé à la suppression de 900 postes, a dénoncé "une casse sociale sans précédent". Vendredi, c'est le SNJ (15,9% des organisations syndicales de France Télévisions) qui avait annoncé qu'elle ne signerait pas le texte. "Le SNJ a joué le jeu de la négociation jusqu'au bout du processus, mais le texte final a été considéré comme non signable en l'état. Négocier dans notre esprit, ne veut pas dire partager la logique et la stratégie de la direction !", avait déclaré le syndicat dans un communiqué.
Contactée par puremedias.com, la direction de France Télévisions maintient qu'elle ne fait pour l'heure aucun commentaire, "tous les syndicats ne s'étant pas prononcés". Si l'accord est ouvert à signature jusqu'à demain, après report du délais initialement prévu vendredi dernier, il ne fait plus aucun doute, en l'état, qu'il sera rejeté. Un coup dur pour la direction, qui avait mis en place ce projet de rupture conventionnelle collective pour amincir, mais aussi rajeunir, sa masse salariale alors qu'elle est contrainte, par le gouvernement, de dégager 400 millions d'euros d'économie, selon un chiffre évoqué par Delphine Ernotte elle-même l'été dernier, d'ici 2022.
La direction de France Télévisions va donc devoir s'atteler à trouver une solution de repli. Plusieurs options s'offrent à elle, dont la négociation d'un nouveau plan, ce qui implique de tout reprendre à zéro. Elle pourrait aussi se résoudre à procéder à des départs contraints, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, ou poursuivre la politique de non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux.