Laurent Joffrin explique son choix de Une. Ce matin, de nombreux internautes ont pointé du doigt la Une de "Libération" consacrée principalement à l'arrestation policière des lycéens de Mantes-la-Jolie la semaine dernière. Certains utilisateurs de Twitter ont reproché le peu de place accordé à l'attaque de Strasbourg, qui s'est déroulée hier soir et qui a causé trois morts et treize blessés, selon le dernier bilan de la préfecture du Bas-Rhin.
"Inutile d'être un expert des médias pour en voir la cynique abjection. Dénoncer sur 3/4 de page une opération de maintien de l'ordre contre de jeunes émeutiers (zéro blessé) et laisser le petit quart qui reste au carnage terroriste à Strasbourg. Lamentable", a écrit le journaliste Jérôme Godefroy. Amine El-Khatmi, président du "Printemps Républicain", a également ciblé le journal détenu par Patrick Drahi : "Définition de l'indécence. Cette gauche est condamnée à la défaite à perpétuité. On ne la regrettera pas."
Face à ces critiques, Laurent Joffrin, directeur de la rédaction de "Libération", tient à faire ce matin une mise au point sur son site internet. "La Une de 'Libération' de ce mercredi a suscité une polémique à la fois compréhensible et injuste. Nous n'avons évidemment pas pensé une seconde qu'un attentat à Strasbourg puisse être moins important que l'affaire des lycéens de Mantes-la-Jolie", débute l'éditorialiste. Et d'ajouter : "Mais la presse écrite est soumise à des contraintes techniques particulières. A partir du moment où nous avions des informations recoupées sur le drame de Strasbourg, il nous restait cinq minutes pour modifier la Une."
Il explique ne pas avoir voulu "prendre le risque de ne pas être distribué" et avoir "pu seulement amender la Une déjà mise en page" en ajoutant "un bandeau au-dessus du sujet initial". "Le rapprochement des deux photos est malencontreux", reconnait Laurent Joffrin, poursuivant : "Il tient à notre souci de ne pas manquer une information importante sur l'édition papier, dans les délais contraints qui sont les nôtres. Certains journaux, bouclant nettement plus tard, ont pu donner à l'attentat de Strasbourg la place qui lui revenait logiquement."
Le directeur de la rédaction promet que l'évènement tragique sera "très largement" évoqué dans l'édition de jeudi. "Chacun pourra d'ailleurs constater que notre site internet, depuis mardi soir et jusqu'à ce mercredi, a placé naturellement en tête de la Une numérique les informations qui s'y rapportent", conclut-il.