Vague de soutiens. Dimanche dernier, la 94e cérémonie des Oscars a été marquée par la gifle infligée en public par Will Smith à Chris Rock, après une plaisanterie sur le peu de cheveux de son épouse, Jada Pinkett Smith, qui souffre d'alopécie. Par la suite, celui qui a obtenu l'Oscar du meilleur acteur s'est excusé de son geste. De son côté, l'organisation des Oscars a condamné publiquement la violence et a ouvert une "enquête formelle" au regard de ses "règlements et de la loi californienne", a-t-elle indiqué dans un communiqué.
En promotion hier pour la sortie de "Sonic 2" dans une interview sur CBS, Jim Carrey a accordé son soutien à Chris Rock et s'est dit "écoeuré" de l'ovation reçue par Will Smith pour son Oscar du meilleur acteur, peu de temps après avoir mis une claque à l'humoriste. "Ca a occulté le moment de gloire de tout le monde. Les nommés ont travaillé dur pour arriver jusqu'ici et pour recevoir un prix venu récompenser leurs efforts", a déclaré le comédien de "The Mask".
Et d'ajouter : "Je n'ai rien contre Will Smith mais ce n'était pas le bon moment. Si Chris Rock n'a pas porté plainte, c'est pour s'éviter des ennuis". "Personne n'a le droit de monter sur scène et frapper quelqu'un seulement parce qu'il a prononcé des mots", a conclu Jim Carrey.
L'acteur n'est pas le seul à avoir soutenu publiquement Chris Rock. L'artiste français JR a publié sur ses réseaux sociaux plusieurs oeuvres dédiées à Chris Rock, avec en légende "Tout le monde aime Chris", en clin d'oeil à la série "Tout le monde déteste Chris", retraçant l'enfance du comédien dans le quartier de Brooklyn, à New York.
De leurs côtés, sur Twitter, les comiques américains Kathy Griffin et Patton Oswalt ont alerté sur le risque de création d'un précédent pour les humoristes dont les plaisanteries viendraient à déplaire. Sur Instagram, Zoé Kravitz, actuellement à l'affiche de "The Batman", a dénoncé "une cérémonie où, apparemment, on agresse des gens sur la scène maintenant". Adam Sandler, figure de la comédie populaire américaine, a partagé une photo de la prochaine tournée de Chris Rock, sur les réseaux sociaux, avec en légende : "Je ne peux pas attendre ça. Je t'aime mon pote !".
A la télévision, les animateurs vedettes des grands late shows américains ont également adressé leur soutien à l'humoriste giflé. "Bravo à Chris Rock d'avoir réussi à finir son discours", a salué James Corden dans son émission lundi. Le même jour, Jimmy Kimmel a défendu le comique : "Evidemment, Chris Rock ne méritait pas une gifle pour une blague". Dans son talk, Stephen Colbert a lancé, avec sagesse : "Si tu veux faire du mal à un humoriste, ne ris pas ! Ca fait bien plus mal qu'un coup !".
En France, sur Twitter et Instagram, Nicolas Bedos a posté un long message en soutien à Chris Rock, estimant qu'on ne pouvait pas mettre sur un même plan "une très mauvaise blague" et "une énorme beigne". Il s'est plaint de "la sanctification d'un nombre grandissant de sujets et la criminalisation des mots, de l'humour, de l'écrit, sur la lancée maladive des procès virtuels".
"On doit se rappeler que si les mots font parfois mal, dérangent, consternent, provoquent des débats, à de rares exceptions près (punies par la loi), les mots ne tuent pas. Les coups, eux, tuent. Ils réduisent au silence. Ils enfantent la torpeur, la négation de l'esprit", a poursuivi Nicolas Bedos. Et de conclure : "J'espère lire bientôt le livre de fond sur ce dangereux conflit que l'époque entretient avec les mots au nom d'une prétendue morale. Au point, pour certains, de justifier une violence physique qui n'a rien de très morale".