La bataille fait rage entre le moteur de recherche et Bruxelles. Dans une interview accordée hier à "The Guardian", Richard Gingras, vice-président de Google rattaché aux médias, menace de fermer l'agrégateur Google News si l'Union européenne vote la directive européenne sur le droit d'auteur. Cette dernière propose notamment à son article 11 de taxer les clics sur les liens hypertextes. Un impôt qui pénaliserait fortement l'agrégateur de contenu qui est très utilisé en Europe par le grand public.
Il précise toutefois qu'il "n'est pas souhaitable de fermer les services" de Google News et que sa société est très préoccupée par les propositions actuelles de Bruxelles. Selon lui, l'avenir de l'agrégateur de contenus serait menacé si la directive était votée dans sa forme actuelle. "Nous ne prendrons pas de décisions avant de voir la version finale", glisse-t-il. Richard Gingras a également affirmé que l'article 11 de cette directive européenne sur le droit d'auteur pourrait avoir une importante incidence sur la capacité des sites d'information à attirer des lecteurs et que le public aura accès à un nombre réduit d'articles dans les résultats de recherche.
Le dirigeant américain souligne aussi que l'activité de Google News n'est pas seulement à but lucratif pour l'entreprise international, même si elle encourage les internautes à rester sur les sites de Google. "Il n'y a pas de publicité dans Google News. Ce n'est pas un produit générateur de revenus pour Google. Nous pensons que c'est un service précieux pour la société", poursuit Richard Gingras, avant d'ajouter : "Nous sommes fiers de l'avoir comme partie intégrante de l'entreprise Google."
Ce n'est pas la première fois que Google menace de fermer son agrégateur. En 2014, l'Espagne avait adopté une loi obligeant les sites d'agrégation à payer pour les liens d'actualités, dans le but de soutenir les médias d'information en difficulté. Google avait alors décidé de fermer le service Google News destiné aux internautes espagnols, ce qui avait fait chuter les audiences des sites du pays. "Nous n'aimerions pas que cela se produise en Europe", précise le dirigeant de Google.
Depuis plusieurs années, les médias traditionnels entretiennent une relation particulière avec Google, à qui ils reprochent de récupérer une grande partie des revenus publicitaires qui servaient auparavant à soutenir leur activité. Toutefois, de nombreux médias disposent d'un modèle économique en partie dépendant des agrégateurs de contenus dont Google News.
Concernant la directive européenne sur le droit d'auteur, elle a d'abord été votée en septembre par le Parlement européen et doit désormais être validée par la Commission européenne et les Etats membres de l'Union Européenne. Google espère donc peser sur ce débat afin de faire évoluer la directive européenne sur l'article 11, ainsi que sur l'article 13, qui pénaliserait les vidéastes de la plateforme Youtube, détenue par Google. Par ailleurs, le Royaume-Uni devrait être soumis à cette législation si elle est votée avant la fin de la période de transition du Brexit.