La Russie participera-t-elle à l'Eurovision à Turin le 14 mai prochain ? Alors que le pays dirigé par Vladimir Poutine a envahi l'Ukraine, ce jeudi 24 février, la chaîne de télévision publique ukrainienne, UA : PBC, a officiellement appelé, dans un courrier adressé à Delphine Ernotte et repéré par "20 Minutes", à exclure la Russie du concours européen de la chanson. La présidente de France Télévisions est la destinataire de ce courrier parce qu'elle est aussi, jusqu'au 1er janvier 2023, celle de l'Union européenne de radiotélévision (UER), organisme regroupant les audiovisuels publics du vieux continent, et organisateur de l'Eurovision. Contactée par puremedias.com, France Télévisions n'a pas encore donné suite à nos sollicitations.
Concrètement, UA : PBC demande à la présidente de l'UER que ses homologues russes, les chaînes publiques Channel One et VDTRK, soient exclues de la plus grande alliance de médias de service public (MSP). Dans ce courrier, ces deux chaînes russes sont qualifiées au choix de "porte-parole du Kremlin", "d'instruments de propagande politique financés par l'État russe" ou encore "d'être un élément moteur de la guerre de l'information du gouvernement russe contre l'Ukraine et le reste du monde civilisé".
La Russie, déplore encore la chaîne ukrainienne, "a ignoré le droit international, la charte des Nations Unies, et a violé la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Etat ukrainien". "L'exclusion de la Russie de cet événement musical de grande ampleur sera une réponse puissante de la communauté internationale des radiodiffuseurs publics aux actions agressives et illégales inacceptables de la Fédération de Russie et un soutien à la politique d'agression hostile des radiodiffuseurs publics du pays", conclut UA : PBC.
Cette demande serait d'autant plus justifiée, selon le diffuseur ukrainien, qu'un précédent en la matière existe. En mai 2021, l'UER a en effet décidé de suspendre l'adhésion de la télévision publique biélorusse, BTCR, après avoir constaté "la détérioration progressive de la liberté des médias au Bélarus" et s'être "inquiétée de la diffusion d'interviews visiblement obtenues sous la contrainte". Depuis, la Biélorussie est interdite d'Eurovision.
L'Eurovision, depuis des années, est la caisse de résonance des tensions géopolitiques entre Moscou et Kiev. Pas plus tard que la semaine dernière, Alina Pash, candidate ukrainienne à l'Eurovision 2022, a été contrainte de renoncer au concours. Sa faute ? S'être rendue en Crimée, ce territoire ukrainien annexé par la Russie en 2014.
Or, relate "Le Huffington Post", l'Ukraine interdit aux candidats représentant ses couleurs de voyager en Crimée ou en Russie depuis 2019. Cette année-là, c'est Anna Korsun, autre représentante de l'Ukraine à l'Eurovision, qui a dû abandonner. Elle a été accusée par le gouvernement ukrainien de faire "des tournées dans l'État agresseur (la Russie, ndlr)".
Sur Instagram, Alina Pash a reconnu avoir voyagé en Crimée, de surcroît sans être passée par l'Ukraine, ce qui est illégal. Ioulia Samoïlova, candidate russe à l'Eurovision 2017, n'avait, elle non plus, pas pris le bon chemin pour se rendre à Kiev, ville hôte du concours cette année-là. Exclue et sans solution, la Russie s'était alors vue contrainte d'annuler sa participation au concours européen de la chanson.