Mathieu Gallet n'en a pas fini avec la justice. Hier, sur le plateau de "Médias le mag", le dirigeant de Radio France a reconnu avoir vécu une "crise" avec Fleur Pellerin, l'ancienne ministre de la Culture, qui lui a valu l'ouverture de nombreuses procédures judiciaires et administratives. "Clairement, il y avait un problème de confiance de l'actionnaire et de ma ministre de tutelle. Ca m'a valu des enquêtes à répétition de l'Inspection des finances, de la Cour des comptes, une enquête préliminaire devant le parquet de Créteil qui m'a valu d'être entendu en garde à vue sur ces questions-là", a-t-il énuméré.
Aujourd'hui, une enquête de Médiapart rappelle les faits et enfonce le clou en révélant les conclusions sévères d'un pré-rapport de la Cour des comptes sur la gestion de l'INA de 2007 à 2014 (entreprise dirigée par Mathieu Gallet entre mai 2010 et mai 2014). Ce rapport (qui n'est pas définitif, Mathieu Gallet ayant encore la possibilité d'apporter des éléments de preuve à la Cour) dénonce principalement deux choses. Tout d'abord, les contrats signés avec des sociétés privées pour des missions de communication et de conseils en stratégie. Un recours à une aide extérieure que la Cour des comptes juge "fréquent et très coûteux" : 1,7 million d'euros en quatre ans.
La Cour des comptes détaille les contrats incriminés et dénonce l'absence de documents de preuve. Elle montre du doigt des choix de procédure "inadapté voire irrégulier", car sans mise en concurrence, contredisant ainsi les règles de passation des marchés publics. Dans ce dossier, Mathieu Gallet a été entendu lors d'une garde à vue par le parquet de Créteil qui a ouvert en juin dernier une enquête pour favoritisme, à la demande du ministère de la Culture et suite à une plainte de l'association Anticor.
Le deuxième volet de l'enquête concerne des notes de frais de Mathieu Galet pour ses missions et déplacements en province ou à l'étranger. Médiapart détaille les nuits dans les palaces de Cannes, de Biarritz, de Dubaï, de Rabat ou de Washington, ainsi que les repas dans des restaurants gastronomiques. La facture des frais de réception s'élève à 61.063 euros entre 2012 et avril 2014. "Une moyenne de plus de 2.300 euros par mois, ce qui paraît très conséquent pour un établissement de la taille de l'INA", écrit la Cour tandis que Médiapart rappelle qu'Agnès Saal - également mise en cause dans le rapport - a dû démissionner après la révélation de colossales factures de taxi (près de 41.000 euros), dont une partie pour les déplacements de son fils, remboursés depuis.