"Ingrid, est-ce que tu baises ?". Une phrase culte pour de nombreux fans des sketchs des Inconnus. En 1991, dans "La télé des Inconnus", l'émission de Bernard Campan, Pascal Légitimus et Didier Bourdon sur Antenne 2, le trio avait parodié le programme de dating de TF1 de l'époque : "Tournez manège". Devenu "Tournez ménages", le faux jeu des Inconnus était animé cette fois par Michèle Laroque. Didier Bourdon y jouait Jean-Pierre, homme à chemise à carreaux, peau brillante et grosses lunettes, accompagné de Pascal Légitimus alias Mohamed dit "Momo".
De l'autre côté du plateau de la parodie, Bernard Campan s'était glissé sous les traits de Nathalie, jeune femme rousse, pas très futée, avec un très gros cheveux sur la langue. A ses côtés, une demoiselle, inconnue elle, prénommée Ingrid pour le sketch. 23 ans après la première diffusion du sketch à la télévision, c'est cette même jeune femme, qui s'appelle et en réalité Marianne et qui a été draguée par Didier Bourdon et Pascal Légitimus pour le sketch, qui refait parler d'elle. Comme le rapporte l'AFP, le tribunal de grande instance de Paris a rendu aujourd'hui sa décision dans le conflit qui opposait "Ingrid" à Paul Lederman, le producteur des Inconnus à l'époque.
Mannequin à l'époque du tournage de cette parodie de "Tournez manège", Ingrid/Marianne affirmait avoir signé deux contrats à durée déterminée en tant qu'"artiste de complément" avec Antenne 2, diffuseur de "La télé des Inconnus". Dans ces contrats, la jeune femme cédait "à titre exclusif" ses droits mais touchait, en contre-partie, un chèque de 7.725 francs bruts à l'époque (environ 1.177 euros). Malgré le succès des Inconnus, la mannequin a attendu 21 ans pour entamer une action en justice, réclamant le statut d'"artiste-interprète" ainsi que des dommages et intérêts provisionnels, suite aux sorties DVD et aux nombreuses rediffusions.
Ce mercredi, comme le rapporte l'AFP, Ingrid a été déboutée par le tribunal de grande instance de Paris. Celui-ci a donné raison à Paul Lederman et a refusé de donner à Ingrid le statut d'"artiste-interprète". Le tribunal a jugé que l'"apparition brève et neutre" de Marianne "sert essentiellement de faire-valoir aux comédiens comiques que sont les trois Inconnus, ne prononçant, contrairement à ce qu'elle affirme, aucune réplique culte, se contentant de relancer sans que l'une de ses phrases, l'une de ses mimiques ou l'un de ses gestes soit particulièrement notable" et que c'est pour cette raison qu'Antenne 2 a fait appel à une mannequin et non une comédienne.
"Son personnage aurait pu être joué par n'importe quelle autre jeune femme blonde de la même manière sans que cela altère ou modifie en quoi que ce soit le sketch, qui n'est donc en rien empreint de sa personnalité" a conclu le tribunal.