Alizée© Sony Music
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Deux ans après [musique:25454 "Psychédélices"], son troisième album qui n'a pas rencontré le succès escompté, Alizée est de retour. L'ancienne protégée de Mylène Farmer, révélée par le carton international "Moi... Lolita", a désormais dix ans de carrière, et dévoile un nouvel opus aux influences rétro et électro. Baptisé [musique:363298 "Une enfant du siècle"], l'album est sorti ce lundi, précédé du single [musique:360910 "Les Collines (Never Leave You)"].A l'occasion de la sortie de l'album, Alizée a répondu aux questions d'Ozap. Elle en dit plus sur cet album que certains considèrent comme branché ou bobo, et sur ce qui l'a poussée à collaborer avec le groupe Institubes. Inspirée par ce qui se passe à l'étranger, Alizée avoue qu'elle n'est plus très touchée par ce que proposent les artistes français aujourd'hui. Elle fait également part de son expérience et de sa perception de l'évolution de l'industrie musicale ces dix dernières années, et révèle aussi qu'elle ne participerait pas à l'Eurovision si on le lui proposait. Entretien.
Ozap : Ton nouvel album s'appelle "Une enfant du siècle". Pourquoi ce titre ?
Alizée : Ah Ah. Déjà je pense que je suis une enfant du siècle, je me sens bien dans ma vie, bien dans ce siècle. Je suis bien dans mes baskets. Et en même temps, cet enfant du siècle, ce n'est pas seulement moi, ça peut être aussi - comme cet album est différent, concept - ça peut être Edie Sedgwick. C'est un personnage qui revient souvent dans mes chansons, ça peut être tous les jeunes mannequins de l'époque, ça peut être ma fille qui est née en 2005, et aussi toutes les personnes qui écouteront cet album, et aussi mes fans puisqu'on est un peu de la même génération.
C'est un album un peu rétro pourtant...n'est-ce pas un peu contradictoire?
Je suis un peu dans ce siècle-là. On me demande souvent "Quel siècle?". Finalement ce n'est peut être pas seulement un siècle.
Tu es nostalgique de ce qui s'est passé avant ?
Je suis née en 84, tous les sons, toute la musique des années 80, c'est vraiment les premières notes de musique que j'ai pu entendre donc oui, je suis vraiment nostalgique de cette époque-là. Après il y a le bon son et le mauvais son des années 80, comme pour toutes les époques et toutes les musiques. Mais je trouve qu'il y a de bons trucs. Je pense que la musique c'est un peu comme la mode, c'est une boucle, on revient toujours à un moment ou un autre aux années 70, aux années 80, et là pour le coup, c'est les années 80.
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Quelles ont été tes influences pour cet album ? Tu écoutes beaucoup ce qui se passe à l'étranger ?Oui. J'écoute plus que ce qui se passe ailleurs qu'en France. Tout simplement parce que peut-être qu'il y a moins de personnes qui me touchent maintenant qu'avant. Avant en France, il y a Gainsbourg qui m'a beaucoup marquée, Berger, Goldman aussi. Là j'arrive moins à trouver des personnes qui me touchent. A l'étranger, c'est compliqué aussi. Il y a beaucoup de choses qui se font. Après, ce sont peut-être des exemples de carrières plutôt que des références musicales. Mes références c'est plus du Blondie, du Moroder. Mais je suis aussi fan de Gorillaz. Des exemples de carrières comme Madonna ou plus récemment Lily Allen. J'aime leur façon de gérer leur taf et en même temps, c'est compliqué en France, on ne peut pas avoir ce genre de carrière, ou si quelqu'un l'a c'est que son public est vraiment ouvert. J'ai l'impression qu'en France, c'est compliqué de changer de musique, de changer de style, de grandir aussi, c'est dur. Quand les gens sont habitués à entendre quelque chose, ou à voir quelque chose, ils sont vite déstabilisés ou pour le coup, lassés.
Tu as l'impression que la variété française a du mal à se renouveler ?
Oui et ça reste très variété. on est beaucoup de jeunes, on ne sait pas qui sera encore là dans 10 ans. Après il y a le R&B qui a pris une grand place en France. il y a aussi des jeunes comme Amel Bent, qui a la cul entre deux chaises, avec ses racines. Tout ce qu'elle aime c'est vraiment R&B. En même temps c'est une chanteuse qui pourrait faire un album purement variété, donc c'est quand même l'exemple. Après, variétés comme France Gall ou toutes ces personnes, c'est vrai qu'il y a moins. Est-ce que ça plaît moins ? Est ce que les jeunes sont moins fans de ça ? Peut-être aussi. Peut-être que les gens sont moins habitués à la variété et pour le coup moi j'essaye de faire un album de variétés mais juste avec des sons qui viennent de l'électro. Je n'ai pas l'impression que mes mélodies soient tellement perchées que les gens ne comprennent pas. Ce sont quand même des mélodies accrocheuses et j'ai essayé de garder mon style, parce que c'est important.
C'est un album-concept dans un milieu qui ne va pas bien du tout aujourd'hui, en France particulièrement. Ce n'est pas difficile d'avoir la confiance d'une maison de disques pour un projet un peu différent ?
En fait c'est différent car je suis en licence chez Sony, donc j'ai quand même le contrôle de mon projet. Après, je ne vais pas aller le donner moi-même aux radios, à la télé. Mais j'ai le contrôle du projet et avec Jean-René d'Institubes, on essaye d'assurer la cohérence du projet, aussi bien avant qu'après la sortie de l'album. Puis on essaye de l'amener aux gens, car c'est ça qui est important, c'est que les gens le reçoivent bien et aiment. Après, combien de bons albums sont sortis mais auxquels les gens n'ont pas accroché ou qu'ils n'ont pas suivi... C'est peut-être parce qu'il n'a pas bien été amené aux gens. Et peut-être que ce qui s'est passé dans les magazines et tout ça, ça n'a pas donné envie aux gens d'acheter l'album.
Si on prend l'exemple de Kylie Minogue qui, elle aussi, à un moment, a décidé de prendre les choses en main, de sortir un album rock etc.. finalement ça n'a pas marché et trois ans plus tard elle revenait avec un album diso et un mini short doré et ça a cartonné. Tu n'as pas peur toi de devoir faire ça un jour ?
De revenir avec des shorts ? (rires) En même temps je n'ai pas l'impression que cet album soit très loin de "Moi... Lolita" ou de mes premiers titres. Je n'ai pas l'impression que ce soit l'opposé. C'est juste 10 ans après. Ce n'est pas comme si j'avais fait un album hip-hop. L'electro c'est pas loin des années 80, les années 80 c'est pas loin de Mylène, Mylène c'est pas loin de "Lolita" et "Lolita" c'est pas loin de moi quoi. Donc voilà.
Un album hip-hop un jour alors ?
Pourquoi pas, mais uniquement avec Jay-Z alors. C'est tout ! (rires)
Comment ça se passe au niveau de l'accueil radio des titres?
Alors ça c'est un truc auquel je ne réfléchis pas. Je ne me pose pas la question. On me tient au courant, mais après il y a des question de formats... c'est la France quoi, on le sait. En même temps j'ai l'impression qu'on peut vendre des disques sans forcément passer à la radio parce qu'il y a internet tout simplement, et que c'est un des plus gros médias, si ce n'est le plus gros. Avec internet on peut vendre des disques. Je sais que c'est contradictoire, parce qu'avec les téléchargements, on tue les artistes. Mais je pense qu'il faut se servir d'internet comme moyen de communication et de visibilité quand on a quelque chose à dire, à sortir, à vendre.
Justement, le "buzz" qui entourait la sortie, avec le teaser "Limelight"... Tu as participé à son élaboration ?
Oui bien sûr. J'aime ça et j'ai toujours aimé ce qui est ordinateurs, internet, tout ça... C'est important de savoir ce qui se passe. J'ai un Twitter, j'ai un Facebook, j'ai un blog et je poste de mon téléphone portable, de mon iPhone... Ca m'arrive de poster des trucs quand je suis en studio, pour informer les gens et les fans. et j'ai une base de fans très active sur internet et je me sers de ça pour communiquer avec eux. Avant, je recevais des lettres, mais ce n'est pas possible de répondre à toutes les lettres. J'essaie de faire des photos dédicacées de temps en temps, mais ça prend 24 heures sur 24 si on veut faire tout le monde. Donc c'est vrai qu'internet ça m'ouvre des portes et des choses qui étaient compliquées à faire avant.
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En tant qu'enfant née au siècle dernier, comment vis-tu la numérisation de la musique, le fait qu'il n'y a plus les pochettes, plus les boîtes etc... ?C'est dur à dire, mais moi je le vis bien en temps que public. J'achète tous mes disques sur iTunes, parce que je les mets directement sur mon téléphone et voilà. Après, par exemple les albums de Madonna ou tout ce qui est sorti sur Michael Jackson, j'ai acheté parce que c'est des objets. Quand l'album est vendu différemment sous forme d'objet ou de collector, là j'achète. Mais quand c'est le CD comme ça, non. Enfin, je l'achète, mais sur iTunes, je ne le télécharge pas illégalement.
Le fait que des gens puissent aller sur ta page iTunes et prennent le titre 3, le titre 7 et c'est tout... ça ne remet pas en cause l'intégrité de l'album ?
Oui forcément, un petit peu, mais en même temps on donne le choix aux gens donc après c'est compliqué. Ma fille qui a 5 ans ne sait pas ce que c'est un CD. Quand elle voit un CD elle pense que c'est un DVD parce que depuis qu'elle est née elle met des DVD pour regarder des films. Et pour écouter de la musique, elle sait que c'est sur l'ordinateur de maman ou le téléphone de maman, ou sur l'iPod de papa. Elle ne sait pas qu'on peut écouter de la musique sur un CD. Pourtant j'ai des CD à la maison, mais voilà, il faut vire avec son temps et essayer de faire en sorte que les gens continuent à acheter sur iTunes parce que ça représente quand même des ventes.
Savoir que tu risques de vendre autant d'albums en France qu'en import en Angleterre par exemple, à cause de la crise du disque chez nous, ça t'inspire quoi ?
Je me dis que je ne suis pas la seule, donc c'est un peu rassurant. En même temps on verra bien.. Après il faut vendre la musique différemment. C'est pour ça que j'ai fait une boite collector avec des vinyles, un livre..puis il y aura les concerts. ce n'est pas comme sinon avait rien d'autre. C'est horrible car ça tue les artistes, mais je comprends les jeunes de 14 ans, qui ont tant d'argent de poche par semaine. Ils peuvent garder leur argent et avoir un truc gratuit... Ils ne vont pas se priver. C'est trop tard. C'est compliqué d'expliquer aux gens que ça peut tuer les artistes. Ils s'en foutent, pour eux c'est gratuit. J'essaie de me mettre à la place de tout le monde, de l'artiste, des jeunes, et pas seulement des jeunes. C'est compliqué, déjà que c'est la crise pour tout le monde. Le peu de trucs qu'ils peuvent avoir gratuit, ils vont le prendre. Et c'est normal. On ne peut pas leur en vouloir.
Tu as déjà 10 ans de carrière. Comment tu perçois l'évolution de l'industrie du disque, de la promo... ?
Là ça va, mais sur "Psychédélices", j'ai été étonnée. J'ai fait autant d'interviews pour le web que pour la presse. C'était tout nouveau pour moi car sur les deux premiers albums, on se servait pas d'internet, pas autant en tout cas. Je trouve que ça évolue comme c'était prévu.
Et en termes de télé, le fait qu'il n'y a plus d'émission de variétés... ?
Je trouve ça vraiment bête. En même temps, la télé-réalité a pris une place tellement énorme que les gens s'en foutent de regarder des chanteurs chanter leur chanson. ils veulent des histoires... La télé, ce n'est plus comme c'était avant. Maintenant c'est pour regarder la vie des gens. Il n'y a que des reportages sur la galère des gens ou des émissions sur ce qui est la mode maintenant : la déco et la cuisine, voilà. En espérant que ce soit un effet de mode et que la mode revienne à la chanson. Mais c'est compliqué de trouver des émissions où on peut chanter.
Tu es cliente de ce genre de programmes déco, cuisine... ?
Déco moins, cuisine oui. j'ai regardé Top Chef, je trouve ça bien. En même temps j'ai 25 ans, donc je pense que je suis la cible. Je regarde Nouvelle Star... Bon, je ne regarde pas La Ferme, parce que ça dépasse les limites du ridicule. Mais je regarde, oui. Enquête Exclusive, tout ça... En même temps il n'y a que ça à la télé.
Et à l'international, comment ça se passe ? Toujours aussi bien au Mexique ?
Oui, le précédent album est sorti là-bas, j'ai fait une tournée, j'ai fait des stades, des trucs un peu improbables, j'ai tourné dans une telenovela et l'album sort au Mexique le même jour qu'en France. En Russie aussi. Et après apparemment il y a peut-être le Pérou, l'Argentine... mais ça c'est lié forcément. C'est l'Amérique Latine donc c'est tout dans le même sac. J'ai fait un concert en Russie aussi... C'est une chance de chanter en français dans d'autres pays. Et j'ai fait une chanson en espagnol, puisque là bas je ne chante qu'en français, les interviews sont en français, donc c'était un petit clin d'oeil à mes fans mexicains.
L'année dernière, Patricia Kaas avait été choisie pour représenter la France à l'Eurovison, grâce à son rayonnement international. Si on te l'avait proposé, ça t'aurait tenté ?
Non, c'est pas trop mon truc. C'est une énorme responsabilité de représenter un pays. Déjà, quand je vais au Mexique, les gens me disent que je représente la France alors que ce que je fais ce n'est pas forcément la France, c'est juste la langue qui fait ça. Donc non, ce n'est pas un truc qui me brancherait.