Pour le cinéma,Jean-Paul Rouve va entrer dans la peau de Gabriel Matzneff. L'information de Satellifax, publiée lundi, a été confirmée par l'acteur en personne ce matin sur RTL.
Invité de "Laissez-vous tenter" avec Audrey Lamy, avec qui il partage l'affiche du "Trésor du petit Nicolas" (au cinéma le 20 octobre), le comédien s'est épanché sur la raison qui l'a poussé a accepter de prêter ses traits à l'écrivain controversé. "Quand j'ai lu (le scénario de Vanessa Filho), j'ai dit : "Il faut le faire" parce qu'il y a des films que l'on fait par plaisir, par envie, il y a des films aussi que l'on fait par devoir, c'est peut-être un grand mot, mais par nécessité."
Jean-Paul Rouve confie aussi, au sujet de sa future interprétation de l'écrivain qui sera sans doute particulièrement disséquée, que ses sentiments personnels "ne rentrent pas en ligne de compte". "Moi j'interprète, je ne juge pas quand j'interprète. J'ai un regard, moi Jean-Paul Rouve, sur une histoire, sur ce que ça raconte, et c'est le rôle du film. Mais ce n'est pas le rôle de l'interprète évidemment". Et l'acteur d'anticiper les critiques : "Le risque, c'est de dire que quand on interprète, on humanise et dès que l'on met de l'humanité, c'est comme si on rachète les gens. Et bien non".
Le film est une adaptation du livre de Vanessa Springora, "Le consentement". "C'est un livre remarquable, un livre important, indispensable, qui raconte - pour ceux qui ne savent pas - l'emprise de cet homme sur cette jeune fille de 14 ans, contextualise Jean-Paul Rouve. Ce qui est beau dedans - c'est pour ça que s'appelle 'Le consentement'- c'est qu'elle est vraiment amoureuse de lui, mais lui, c'est un prédateur. Donc, on ne sait pas s'il s'agit d'une emprise consentie..."
Jean-Paul Rouve dépeint aussi "une époque", celle des années 1980, "qui acceptait" la pédophilie. Un courant pro-pédophilie était, en effet, soutenu par des intellectuels prestigieux. Dans l'un de ses articles sur l'affaire Matzneff, franceinfo: a ressorti des tiroirs une tribune publiée le 26 janvier 1977 dans "Le Monde", dans laquelle l'écrivain, et d'autres intellectuels de renom, "prennent la défense de trois hommes jugés pour attentat à la pudeur sans violence sur des mineurs de 15 ans". Une autre archive, audiovisuelle cette fois, est révélatrice du seuil élevé de tolérance de la pédophilie à l'époque : il s'agit d'une interview de Gabriel Matzneff par Bernard Pivot dans l'émission "Apostrophes" du 2 mars 1990.
En toute décontraction et sans contradiction, l'écrivain expliquait entre autres : "Je préfère avoir dans ma vie des gens qui ne sont pas encore durcis. Une fille très jeune est plutôt plus gentille, même si elle devient très très vite hystérique et aussi folle que quand elle sera plus âgée." Seule l'écrivaine canadienne, Denise Bombardier, présente elle aussi sur le plateau de l'émission littéraire, avait osé s'indigner contre de tels propos.