Une affaire étouffée ? Selon un communiqué du SNJ-CGT de l'AFP ce jeudi, l'agence d'information était "en possession des informations" concernant l'affaire Richard Ferrand, mais "la rédaction en chef France n'avait pas jugé le sujet digne d'intérêt". Pour rappel, l'ancien ministre de la Cohésion des territoires est soupçonné d'enrichissement personnel et de conflit d'intérêts lors d'une opération immobilière en 2011 en Bretagne. Cette histoire a été révélée dans les colonnes du "Canard enchaîné" datant du 24 mai dernier.
"Qu'un possible scoop sur une affaire politico-financière impliquant le numéro deux du nouveau parti au pouvoir ne soit pas jugé intéressant, voilà qui est troublant. Surtout après les affaires Fillon et Le Roux qui ont émaillé la campagne présidentielle", démarre le communiqué du syndicat. Le SNJ-CGT poursuit : "Généralement, un média met les bouchées doubles pour enquêter sur ce type d'informations quand elles se présentent. Pas à l'AFP, où les courriels de journalistes adressés à la rédaction en chef sont restés soit sans réponse, soit ont reçu une réponse peu encourageante."
Les syndicalistes de l'Agence France Presse ajoutent que "faute d'avoir pu donner l'affaire Ferrand en premier", les mêmes journalistes de l'AFP "ont eu la possibilité de sortir un nouveau scoop", "le témoignage exclusif de l'avocat qui était au coeur de la vente de l'immeuble litigieux des Mutuelles de Bretagne en 2010-11". Mais avant même l'écriture de la dépêche, les rédacteurs en chef auraient refusé ce sujet. "C'était pourtant la première fois qu'une source impliquée dans le dossier confirmait les informations du 'Canard' et pointait la possibilité d'une infraction pénale de M. Ferrand", note le communiqué.
De plus, le SNJ-CGT s'agace qu'une dépêche annonçant que François Bayrou, ancien Garde des Sceaux, devait faire face à des juges, n'ait pas été diffusée, "la rédaction en chef trouvant son intérêt 'trop limité'". Le syndicat explique que deux jours plus tard, "l'info sera en bonne place dans les médias nationaux" et "l'AFP décidera alors de la reprendre."
"Tout cela fait beaucoup d'infos sensibles étouffées en quelques jours. Pour ceux qui ont travaillé sur le dossier, il y a de quoi être écoeuré et découragé", se désolent les représentants syndicaux, se demandant si l'AFP a eu "peur de diffuser des informations sensibles quand celles-ci risquent de nuire au nouveau pouvoir élu". Ainsi, le SNJ-CGT appelle la direction et la rédaction en chef de l'AFP "à s'expliquer sur le traitement incompréhensible de l'affaire Ferrand."