Record historique pour France Inter. La station a signé la meilleure audience de son histoire lors de la dernière vague d'audience novembre-décembre 2018 avec 6,46 millions d'auditeurs en moyenne selon Médiamétrie. Sur un an, la radio du service public gagne 346.000 personnes et s'offre 203.000 paires d'oreilles supplémentaires sur une vague. A l'occasion de ces bons résultats, Laurence Bloch, directrice de France Inter, se confie auprès de puremedias.com.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Sur cette vague, France Inter signe son record historique. Avez-vous sorti le champagne ?
Laurence Bloch : France Inter n'a jamais eu autant d'auditeurs de son histoire. C'est un jour magnifique. Pas le champagne, non... Je pense qu'il faut garder la tête froide. L'époque fait qu'il n'y a pas tellement à sabrer le champagne même si les résultats sont formidables. On va boire un petit coup ensemble.
"Il y a une critique des médias qui est réelle et déraisonnable."
Alors merci qui ? Merci les Gilets jaunes ?
Non, je dis merci la rédaction, je dis merci les programmes. Ce n'est pas que les Gilets jaunes. C'est la qualité de l'information. Ce que je trouve très réconfortant, c'est que lorsqu'il y a des moments très critiques pour ce pays ou très importants - je parle des attentats, de la présidentielle ou de la crise qu'on traverse aujourd'hui -, les auditeurs viennent sur les médias traditionnels. Ils viennent là où ils savent que l'information est crédible, vérifiée et pluraliste. Je ne vais pas boire le champagne aujourd'hui parce que je pense que la situation est compliquée. Il y a une critique des médias qui est réelle et déraisonnable. En même temps, ce signe que les auditeurs nous donnent, dans une période compliquée pour le pays, en se tournant vers nous, c'est la très bonne nouvelle du jour.
Une très bonne nouvelle notamment pour le service public. France Inter, mais aussi franceinfo, France Musique et France Culture sont en hausse sur cette vague. C'est un bon signe en cette période de trouble entre certains Français et les médias.
C'est un signe formidable au moment où on pose la question de savoir s'il y a des services publics inutiles. Je trouve que c'est une réponse éclatante. Les médias de service public rendent un service à tous les publics et au pays tout entier.
"C'est la victoire d'une construction cohérente et sur la longueur."
Sur cette vague, quelle est votre plus grande satisfaction sur la grille de France Inter ?
C'est la tranche du 5h/10h. On a énormément progressé sur cette tranche. Dans cette grande tranche-là, on retrouve tout ce qui fait France Inter. On retrouve l'information, la proximité avec "Grand bien vous fasse", la culture "Eclectik". C'est parce qu'on s'appuie sur plusieurs pieds que cette chaîne va bien. Il y a de l'info, de la culture, de l'humour, de la musique et de la proximité. Une radio du service public doit avoir une grille qui soit à la fois cohérente et éclectique. Cette tranche de 5h à 10h est pour moi une immense satisfaction parce qu'elle est à l'image de la chaîne tout entière.
Les après-midis de la station se portent aussi très bien dans une case très concurrentielle.
Et au moment où la radio se porte mal entre 16h et 18h ! C'est un vrai succès parce que "Popopop" et "Par Jupiter" font chacun un record historique. Il y a plein de cases où je peux me réjouir. Le "5/7" qui gagne plus de 25% de son audience. Le "7/9" est en record absolu.
Est-ce aussi la victoire de la stabilité ?
Absolument. C'est la victoire d'une construction cohérente et sur la longueur. On n'a jamais rien lâché de ce qu'on a décidé de faire en 2014, c'est-à-dire une chaîne différente et une chaîne exigeante. France Inter doit rester une grande radio généraliste, populaire et culturelle. C'est cette différence-là qui fait que les auditeurs viennent nous chercher.
"Je ne vais pas me teindre les cheveux en jaune."
Quels sont les chantiers à venir ?
On travaille beaucoup sur le numérique. Je pense que c'est majeur pour nous. Le numérique peut toucher de nouveaux auditeurs. Il faut beaucoup se poser la question du renouvellement des générations. On voit bien que la radio est de moins en moins écoutée par les jeunes. Ils ont tendance à regarder sur leur smartphone des bouts d'information sans cohérence. On a beaucoup de questions à se poser sur ces générations. Comment peut-on les attraper, les séduire et les retenir ? C'est notre grande préoccupation.
Concrètement, comment allez-vous investir dans ce domaine ?
On va continuer de faire de ce qu'on fait. On fabrique des objets "natives". Ils ont l'esprit de France Inter mais ne sont pas forcément des émissions. On va beaucoup travailler sur le podcast, j'y crois beaucoup. On va beaucoup travailler sur la question de l'image. Quand on a un smartphone, l'image doit accompagner la radio. Ainsi, on va continuer de travailler sur des productions comme "OLI", un vrai succès. On est premier sur iTunes avec ces contes pour enfants.
Ce record historique de France Inter est marqué en partie par le mouvement des Gilets jaunes. Allez-vous vous teindre les cheveux en jaune ?
Non ! Je ne veux pas faire de fausse concurrence à franceinfo (rires). Je continue de voir la vie en rouge.
'Je ne pars pas"
Concernant les Gilets jaunes, il y a eu plusieurs épisodes tendus entre certains manifestants et des journalistes. Vos équipes ont-elles eu des difficultés à couvrir ce mouvement ?
Oui, certaines équipes, en particulier les équipes de France Bleu. Les équipes de France Inter ont eu des complications le week-end dernier sur les Champs-Elysées. Les journalistes ont été pris à partie de façon assez violente. Pour France Inter, ça a toujours été verbal, jamais physique. Nos reporters sont aujourd'hui accompagnés d'agents de sécurité et de protection.
Quelles sont les consignes que vous donnez à vos équipes pour se protéger lors de ce type d'événements ?
Il y a ces agents de sécurité avec eux. Et la consigne est : "Faites votre métier mais restez prudents !".
Avec ces bons résultats, vous serez sur le plateau de "Quotidien" ce soir ?
Non, non. "Quotidien" aime bien changer d'affiche. Non, je n'irai pas sur "Quotidien". Mais je le regrette car j'aime bien y aller. J'adore faire de la télé.
Ils aiment bien inviter les voix de France Inter aussi.
Oui, ils aiment beaucoup les gens qui ont les cheveux rouges (rires). Je trouve ça normal. Non, je n'irai pas cette fois-ci. Je ne peux pas y aller à chaque fois. Jamais de répétition !
On parle de votre départ à la fin de la saison. Est-ce vrai ?
C'est faux ! Je m'inscris absolument en faux. On parle de mon départ depuis un moment. Je ne pars pas. Je démens absolument cette information.