28 mai 2003-28 mai 2023. Vingt ans jour pour jour après son premier plateau à Roland-Garros, Laurent Luyat inaugurera, ce dimanche dès 11h sur France 3 (en alternance avec France 4 puis France 2), l'édition 2023 des Internationaux de France de tennis. Avant de s'installer sur la terrasse qui surplombe le court Philippe-Chartrier porte d'Auteuil, le journaliste a accordé un entretien à puremedias.com et évoqué les nombreux événements sportifs à venir sur les antennes de France Télévisions, du Tour de France cycliste aux Jeux olympiques 2024 à Paris.
Propos recueillis par Ludovic Galtier
Roland-Garros débute officiellement ce dimanche sans l'emblématique tenant du titre chez les hommes Rafael Nadal. Pourquoi faut-il quand même regarder le tournoi sur France Télévisions ?
En raison de l'absence, entre autres de Rafael Nadal, ce Roland-Garros 2023 va être le plus ouvert de ces vingt dernières années. Cinq à six joueurs, comme le petit prodige actuel, Carlos Alcaraz, Novak Djokovic ou Daniil Medvedev, vainqueur à Rome en finale contre Holger Rune, peuvent remporter le tournoi masculin. Côté français, il peut sembler que ce soit le désert – le premier Français classé est Ugo Humbert en 38e position – mais je parie sur une surprise en deuxième semaine.
Réservez-vous des surprises à vos téléspectateurs cette année ?
Nous allons célébrer les 40 ans de la victoire de Yannick Noah à Roland-Garros. Puis, n'essayez même pas de me demander le nom, mais nous recevrons un invité stratosphérique mondialement connu le jour de la finale le dimanche 11 juin 2023.
Présent dans l'équipe des commentateurs la saison dernière après son élimination dans le tournoi, Richard Gasquet ne sera pas de la partie cette année. Il n'a pas été convaincu par l'exercice ?
Non, je crois qu'il a pris du plaisir. C'était une expérience qu'il avait envie de tenter avec nous. C'est un bon souvenir pour nous, c'est intéressant d'avoir un joueur en activité avec nous comme consultant.
"Nous avons proposé à Jo Wilfried Tsonga d'être consultant, je regrette qu'il ait préféré Amazon"
Amazon Prime Video, de son côté, a recruté Jo-Wilfried Tsonga pour cette quinzaine. Regrettez-vous qu'il n'ait pas préféré le service public ?
Nous lui avons fait une proposition mais il a préféré celle d'Amazon. Je le regrette, Jo a été un immense joueur et le public l'aime. Nous avons néanmoins une équipe de consultants tellement performante que ce n'est pas comme si nous étions en manque.
L'équipe est à l'identique de ce qu'elle était l'année dernière...
Nous avons tous les styles avec deux très grandes championnes, Justine Henin et Mary Pierce, un fin technicien arrivé l'année dernière, Patrick Mouratoglou, l'expérimenté Mickaël Llodra, dont nous adorons le caractère hyper fantasque, et Michaël Jeremiasz, lui, parlera tennis et tennis-fauteuil.
Vous allez encore être en première ligne pour gérer l'éventuelle frustration des téléspectateurs de France Télévisions, qui ont par exemple l'an passé été privés du choc Nadal-Djokovic...
Ce qui est sûr, c'est que l'on n'aura pas de Nadal/Djokovic cette année (rires). L'année dernière, c'est vrai que j'avais un peu râlé mais pas contre Amazon. Ce qui m'ennuyait, c'était que c'était la plus belle affiche de la quinzaine et qu'une grande partie des Français en ont été privés. Beaucoup de gens encore ne reçoivent pas Internet correctement voire ne reçoivent pas Internet du tout. Je trouvais que tout le monde devait pouvoir voir un match de cette importance. Dès l'année prochaine et jusqu'en 2027, les choses seront beaucoup plus claires. France Télévisions récupérera les matchs du court Simonne-Mathieu et Amazon aura les matchs de 'Night Session'. Ils auront le premier choix et là-dessus, nous n'aurons rien à dire. Mais nous aurons tout le reste, c'est-à-dire que 98% du tournoi sera diffusé sur France Télévisions.
"J'ai été choqué que Marion Bartoli critique France Télévisions"
L'an passé toujours, Marion Bartoli, consultante Amazon Prime Video, avait ouvertement critiqué la couverture du tournoi par France Télévisions. Elle avait déploré les pages de publicité intempestives, la réduction du temps de couverture des matchs au profit de plateaux avec des invités venus faire leur promotion... Qu'en dites-vous ?
Je suis toujours choqué qu'une consultante d'une chaîne critique ses concurrents. Il y a des choses qui ne se font pas. Pour ma part, j'ai toujours pratiqué la confraternité depuis que je fais ce métier. Je n'ai jamais vu un consultant critiquer un concurrent et je n'ai pas trouvé cela très élégant. Je crois qu'elle aurait pu s'abstenir mais ces propos n'ont pas d'importance.
Ce Roland-Garros 2023 est le 20e que vous couvrez pour France Télévisions. Vous sortez un livre pour marquer cet anniversaire ("20 ans de Roland-Garros : La terrasse, les stars, les exploits, les coulisses"). C'est votre idée ?
Mon éditeur me tannait depuis plusieurs années pour que je fasse un livre. 20 ans, c'était l'occasion ou jamais de raconter tous les souvenirs que j'ai vécus à cette place extraordinaire, les anecdotes, les aléas du direct, la pluie qui interrompait parfois des heures les matchs (situations du passé depuis la mise en service en 2020 du toit au sommet du court Philippe-Chatrier, ndlr), les rencontres avec les consultants et les interviews de joueurs. Je pense encore à celle de Rafael Nadal, qui ne parvenait pas à dissimuler ses émotions, l'année dernière. Quand j'ai commencé en 2003, on m'aurait dit : "Tu seras là encore à ce poste dans 20 ans", j'aurais rigolé. Je me dis toujours que j'ai une chance inouïe. J'ai réalisé un rêve de gosse !
Vous souhaitez prolonger ce rêve de gosse encore un peu ?
Oui, tant que j'ai la passion, et je l'ai toujours. Le premier dimanche, quand je monte sur la terrasse, la magie opère. Un jour, si je ressens de la lassitude, j'arrêterai. Ce que j'espère, c'est pouvoir décider de l'année où j'arrêterai.
"Avec la diffusion du Tour de France masculin et féminin sur France 2, le mois de juillet va donner quelques sueurs froides à TF1"
À peine Roland-Garros terminé, vous enchaînerez avec le Tour de France, dont le grand départ sera donné le samedi 1er juillet 2023 à Bilbao. Y aura-t-il des nouveautés dans "Vélo club", le magazine d'après-course que vous présentez ?
Il y aura quelques petites nouvelles rubriques dans l'émission. En fait, nous aurons une roue avec tous les numéros de dossards des coureurs. Nous tournerons la roue chaque soir et Arnaud Mattéoli (journaliste au service des sports de France Télévisions, ndlr) aura pour mission de faire un reportage sur ce coureur pour le lendemain. Cela peut donc être Tadej Pogačar (l'un des favoris pour succéder au Danois Jonas Vingegaard, ndlr) comme un porteur d'eau.
La Grande Boucle est un incroyable vecteur d'audience. France 2 diffusera pour la première fois le tour de France féminin du dimanche 23 au dimanche 30 juillet (l'événement avait été proposé sur France 3 l'an passé). Est-ce pour porter définitivement l'estocade à TF1 et lui passer devant en juillet ?
C'est vrai que la dernière semaine va donner quelques sueurs froides à TF1 parce que les après-midis vont cartonner. France 2 va faire des audiences dingues.
En parlant de sport féminin, France Télévisions n'a-t-elle pas vocation à diffuser le mondial de foot féminin cet été?
Bien sûr ! Mais d'après ce que je sais, les droits sont exorbitants et le décalage horaire est très pénalisant : il y aura des matchs à 4h mais aussi 9h du matin. Payer un prix exorbitant pour diffuser à des horaires pas favorables, c'est compliqué !
"Je suis sûr que Matthieu Lartot va gagner son combat"
L'été se poursuivra du samedi 19 au dimanche 27 août avec les championnats du monde d'athlétisme 2023 à Budapest. Là aussi, l'enjeu est important pour France Télévisions...
Nous proposerons sept primes sur France 2 ou sur France 3 jusqu'à 23h. Ces soirées d'athlétisme me tiennent à coeur. Entre les concours, les courses, il se passe toujours quelque chose. L'année dernière, aux championnats d'Europe à Munich, on s'est régalés, on a eu des soirées de folie dans le stade olympique de Munich. J'ai eu des frissons.
Dans un autre registre, France Télévisions a décroché plusieurs matchs du Mondial 2023 de rugby en France. La présence de Matthieu Lartot est incertaine. France Télévisions a-t-il un plan B pour le remplacer notamment aux commentaires de France/Namibie en prime le jeudi 21 septembre 2023 ?
Tout dépend de la façon dont cela va se passer pour lui. Matthieu est un combattant, c'est un sportif dans l'âme. C'est un combat qu'il a à mener, je suis sûr qu'il va le gagner. Ce que je lui souhaite vraiment, c'est de revenir pour la Coupe du monde de rugby. Ce serait un super beau cadeau. Pour l'instant, on ne sait pas. La décision dépendra de lui forcément.
Isabelle Ithurburu rejoint TF1 pour l'événement. On sait que Cécile Grès sera absente pour cause de congé maternité. France Télévisions va-t-elle chercher elle aussi à féminiser son dispositif ?
Bien sûr, nous avons avec nous Hélène Macurdy qui officiait le week-end dernier à la place de Cécile et qui sera dans le dispositif pour la Coupe du monde. Nous avons aussi Inès Hirigoyen, qui est une passionnée et grande connaisseuse de rugby.
"Il y aura certainement des soirées événementielles autour des JO sur France Télévisions"
L'arrivée de la quotidienne de France 3 mêlant sport et société avec les Jeux olympiques de Paris 2024 en toile de fond semble enfin se préciser pour le début du mois de juillet 2023. Elle devrait s'installer dans la case de "Samedi d'en rire, la quotidienne". En savez-vous davantage sur le contenu ?
Je sais qu'Alexandre Boyon prépare une rubrique un peu vintage sur l'histoire des Jeux olympiques. Je sais aussi que les tas de champions qui participeront à ces JO seront mis à l'honneur de la même façon que les sites qui accueilleront les épreuves et les bénévoles. L'émission devrait aussi suivre le relais de la flamme olympique dès le printemps prochain.
À un an de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris, comment France Télévisions va faire monter l'événement en puissance sur son antenne ?
Il y aura certainement des soirées événementielles, peut-être à un an des Jeux. Je parlais du relais de la flamme olympique, il est possible que nous fassions monter la sauce là-dessus. Et puis, nous monterons en puissance sur les JO dès septembre 2023 dans nos journaux, "Tout le sport" et "Stade 2".
Quel sera le rôle de Michel Drucker dans le dispositif de France Télévisions pour les Jeux dès qu'il sera rétabli ?
Je ne peux pas en dire plus. Il sera là et c'est une grande joie. L'événement marquera ses 60 ans de carrière. La symbolique est unique, je pense, en Europe voire dans le monde. Il a débuté en 1964 avec les Jeux olympiques de Tokyo. 60 ans après, il est toujours là au plus haut niveau. Pour lui, c'est un rêve de participer aux Jeux olympiques.