"RMC Découverte est la chaîne de 'Top Gear France'. RMC Story sera la chaîne du 'Bigdil'". Au soir du tournage de la première émission auquel Puremédias a assisté à la Cité du cinéma (Seine-Saint-Denis) le 19 novembre dernier, Stéphane Sallé de Chou, directeur général du pôle Entertainment des deux chaînes du groupe RMC BFM, n'a pas fait mystère de ses ambitions pour le retour de la marque – diffusée en access et en quotidienne sur TF1 entre 1998 et 2004 – et qu'il relance à un rythme hebdomadaire sur RMC Story en 2025. Avant la diffusion du programme, toujours présenté par Vincent Lagaf' avec la complicité de Bill et désormais produit par Ah! Productions (société du groupe d'Arthur), Puremédias récapitule ce qu'il faut savoir.
"Le Bigdil : Le retour événement" sera diffusé le jeudi 2 janvier 2025 à 21h10 sur RMC Story. Choix de programmation étonnant, les numéros suivants seront proposés le vendredi dès le 10 janvier.
Stéphane Sallé de Chou est catégorique : le retour du "Bigdil" sur RMC Story aurait été "impossible" sans Vincent Lagaf'. "J'ai eu le frisson. Et en tant que bon vieux baroudeur prétentieux, j'étais intimement persuadé que cela allait se passer sans rien me faire. Mais j'ai chialé ma race, c'était plein d'émotions", a confié l'animateur. "En revanche, les automatismes sont revenus tout de suite. Je crois que quand on a aimé quelque chose très profondément et que l'on a arrêté l'émission au coeur de son développement, on la vit, on l'habite".
"Je ne sais pas s'il y a eu beaucoup de mecs dans ma situation qui ont eu l'opportunité et le courage de se dire 'J'y retourne' (...) En tant que bon compétiteur, j'ai dit à la chaîne 'Allez, vendu'". Par contre, trouver un producteur a été plus compliqué. "On me l'a proposé 4 fois en 12 ans et j'ai refusé à chaque fois parce que je n'avais pas envie de faire un sous 'Bigdil', j'aurais très mal vécu d'entendre dans la rue 'C'était mieux avant'."
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Vincent Lagaf' s'est, en effet, montré exigeant quant au cahier des charges. "Je voulais absolument le même décor", a-t-il exigé comme première condition à la relance de l'émission. Et l'animateur de poursuivre : "Je veux Bill mais pas n'importe quel Bill, je veux Bill animé par Gilles Vautier (comédien déjà présent dans la version diffusée sur TF1, ndlr), que j'ai connu au début des années 1990 au Carré blanc (un café-théâtre du quartier de Pigalle, à Paris, ndlr)". Vincent Lagaf' a aussi tenu à être entouré de la même équipe technique qu'à l'époque. "Ce sont des mecs qui connaissent l'émission sur le bout des doigts, me connaissent également par coeur, savent où je vais arriver, où je vais repartir". Le générique de l'émission et les jingles associés à l'ouverture du célèbre rideau à paillettes qui cache des cadeaux plus ou moins intéressa nts – dont la voiture – n'ont, eux non plus, pas changé.
Contrairement à la version moderne du "Juste prix", présentée par Éric Antoine depuis le printemps 2024 sur M6, "Le Bigdil" 2025 n'a pas opté pour la parité chez les hôtesses de l'émission, dont le nombre a été divisé par deux. "Je voulais les Gafettes mais pas des plantes vertes qui ne soient que de jolies filles", a précisé Vincent Lagaf', anticipant les questions à ce sujet. "J'ai choisi Nadia Anebri, réalisatrice de clips vidéo, de courts métrages et de documentaires, et Fanny Veyrac, gaffette sur 'Le juste prix' qui a depuis ouvert une école de yoga à Ibiza".
Un peu plus tard, Vincent Lagaf' de compléter sa réponse : "On a trouvé deux filles qui ne sont pas que belles. J'ai voulu qu'elles soient équipées de micro parce qu'elles ont de la répartie. On déconne, on rigole", se réjouit-il avant de reconnaître que "le monde a changé" et qu'il "doit apprendre à faire avec". "La première émission que l'on a tournée hier (lundi 18 novembre 2024, ndlr), c'était du 100% Lagaf', Antoine Henriquet est tout de suite venu me voir pour me dire qu'il allait tailler (...) Je me force donc à changer parce que je n'ai pas envie que des mecs en mal de reconnaissance me chient dessus. Maintenant, je m'aperçois que je me suis beaucoup amusé en me freinant également. Je crois que ça y est, j'ai réussi à trouver le juste équilibre qui fait que l'on se fend la gueule sans être méchant avec personne."
Sur le fond, Vincent Lagaf' dit nourrir "une colère contre le monde des médias et des réseaux sociaux". "Quand je prends l'accent portugais, je ne me moque pas des Portugais, je prends l'accent portugais parce que pendant 40 ans, j'ai pris l'accent portugais. Et je m'aperçois que si tu prends l'accent arabe, tu es raciste, si tu prends l'accent québécois, tu n'es pas raciste et ça c'est terriblement raciste". "Les gens ont envie de quelqu'un qui ne soit pas politiquement correct, d'un chien fou", résume l'animateur, quand on lui demande enfin d'analyser le nombre exceptionnel de 14.000 dossiers de candidatures reçus par la production en 24 heures.
Si Vincent Lagaf' a retrouvé "Le Bigdil" "tel (qu'il l'a) aimé, tel (qu'il l'a) créé", "nous n'avons pas vraiment les mêmes moyens qu'à l'époque TF1", a-t-il fait remarquer. "C'est vrai qu'il m'arrivait de quitter le plateau du studio 107 et de téléphoner au directeur artistique de l'émission pour lui dire que le lundi suivant je voulais deux grues de 40 mètres. Et le lundi, j'avais les 2 grues. On s'est permis des trucs à une époque où on pouvait le faire, on a même mis nos vies en danger."
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"Aujourd'hui, je me rends compte qu'en faisant gagner 1.500 euros à quelqu'un, tu viens de remettre du soleil dans sa vie. Il y a vingt ans, faire gagner 1.500 balles, c'était commun, on pouvait faire gagner 5, 6, 7 voitures par jour. Aujourd'hui, ce n'est plus le but, la gabegie de cadeaux n'est plus d'actualité." Tout comme les costumes bariolés "qui coutaient une blinde". "Est-ce qu'on allait mettre l'argent dans les fringues ? Non, on a préféré investir dans les lumières, la technique. La qualité d'image de Bill est bien meilleure. Mais aussi dans les jeux". "On a un catalogue de 700 jeux (Le Blind Test, le sèche-linge, la tractokado ou la chambre noire...) dans lequel on peut piocher", a indiquéVincent Lagaf' qui a fait appel à de nouveaux artistes comme un jeune guitariste et une fanfare pour l'accompagner.
La famille de Bill sera toujours présente en fin d’émission pour le deal final avec un petit nouveau dans la famille : Attila, le chien ! Les personnages secondaires de l'émission, à l'image de Ramucho, DJ Aspé et Loulou, seront, eux, présents par intermittence ou dans des émissions spéciales ("Année 98", "Ski"...). "Par exemple, au cours de la spéciale 98, on va reprendre les premiers jeux, les premières tenues et les premiers intervenants."
Si les fondamentaux du format ont été quasiment repris à l'identique, la case de diffusion de l'émission, elle, n'est plus la même. La durée du jeu a ainsi été rallongée, passant de 47 minutes il y a vingt ans à 70 minutes aujourd'hui. "Il y a un jeu de plus, un cinquième", résume Vincent Lagaf'.
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"Je n'ai plus l'âge de repartir sur 240 émissions en quotidienne. Je suis dans un état physique lamentable, j'ai 41 morceaux de ferraille dans le corps, j'ai un demi-poumon en moins donc, pour l'instant, je tourne 3 prime time par jour. On met deux heures à enregistrer une émission. Citez-moi un comique qui fasse des stand-up de six heures. Cela n'existe pas. Donc on va faire le nombre de numéros prévus et il y a un truc qu'il faudra regarder, ce sont les audiences".
Fin 2023, RMC Story avait diffusé, pour les 25 ans de l'émission, deux épisodes du "Bigdil". Résultat : le canal 23 de la TNT a réalisé sa meilleure audience en 4+ et sur la cible commerciale en prime time pour un divertissement (391.000 téléspectateurs, soit 2,0% du public âgé de quatre ans et plus, 5,7% des hommes âgés de 25 à 49 ans et 3,7% des FRDA-50, ndlr). "Ces épisodes qui ont 15-20 ans ont parlé à un public qui a grandi avec 'Le Bigdil' sur TF1. Ils ont également touché sur les réseaux sociaux et sur RMC BFM Play une population qui n'était pas née – – ou pas en âge de regarder la télévision – au moment de la diffusion du 'Bigdil'", se réjouissait Stéphane Sallé de Chou dans une interview à Puremédias en mars 2024.
Un an après cette étape préalable au retour du jeu, "je ne dis évidemment pas que l'on fera les 38 points de part d'audience de l'époque TF1", répond aujourd'hui Stéphane Sallé de Chou. "Mais cela me ferait mal que l'on fasse la même audience avec cette version inédite, ce talentueux producteur et ce fou qu'est Vincent Lagaf'".
Jeu culte diffusé chaque soir en access sur la Une de 1998 à 2004 et librement adapté du format américain "Let's Make a Deal", "Le Bigdil", animé par Vincent Lagaf' avec la complicité de l'extra-terrestre Bill, a longtemps été un gros succès d'audience pour TF1. L'émission pointait à plus de 6 millions de téléspectateurs certains soirs, avant un gros essoufflement lors de sa dernière saison.