RT va étendre son influence en France. Comme le rapporte nos confrères du Journal du dimanche, le groupe audiovisuel russe prépare activement le lancement d'une version française de sa chaîne d'information internationale, qui émet déjà en anglais, en arabe et en espagnol. Conventionnée par le CSA depuis septembre 2015, la chaîne RT France est un projet de longue date dont le lancement avait été reporté suite à la crise du rouble.
Comme le précise Le JDD, le nouveau média sera officiellement présenté en octobre pendant le MIPCOM, à Cannes. La chaîne devrait ensuite être lancée en décembre. RT France sera alors diffusée en continu sur le câble, le satellite et l'ADSL. Doté d'un budget, financé par les pouvoirs publics russes, de 20 millions d'euros pour l'année 2018, RT France installera ses locaux à proximité immédiate de ceux des groupes Canal+ et TF1, dans le quartier du Point du Jour à Boulogne-Billancourt. La version française de Russia Today devrait jouir notamment de deux studios dont l'un de 100 mètres carrés.
Selon Xenia Fedorova, responsable de RT France, interrogée par nos confrères de Challenges en juin dernier, la chaîne d'information entend "traiter les informations peu ou pas traitées dans les médias mainstream". Pour ce faire, RT France procède actuellement au recrutement d'une centaine de salariés dont "cinquante journalistes de langue française" selon Xenia Fedorova. "L'idée, c'est de constituer une équipe jeune avec quelques noms connus" avait-elle déclaré à "Challenges".
RT France aura surtout fort à faire pour rompre - ou pas - avec l'image sulfureuse véhiculée par son site internet - piloté par Jérôme Bonnet (ex "Siné Hebdo") - qualifié de "site prorusse financé par Moscou" en décembre dernier par Libération. Accusé d'être la "voix de son maître", comprendre Vladimir Poutine, le groupe RT avait été vertement tancé par Emmanuel Macron en mai dernier lors de sa conférence de presse commune avec Vladimir Poutine. Interrogé par Xenia Fedorova, le chef de l'Etat français avait regretté que "Russia Today et Sputnik se (soient) comportés comme des organes de propagande mensongère" en "répandant des contrevérités infamantes". Le président de la République s'était alors refusé à leur accorder le qualificatif de "journalistes".
"Pas une seule fois, on ne nous a donné un exemple de la manière dont RT, et en particulier RT France, auraient agi afin de saboter sa campagne" avait rétorqué Xenia Fedorova sur le canal anglophone de RT. "Ce qui a fait hurler Macron, ça a été les accusations d'une part des soi-disant liens avec des banques américaines, les banques Rothschild et les rumeurs d'homosexualité qui font florès en Russie" avait expliqué Cécile Vaissié, auteur de l'ouvrage "Les réseaux du Kremlin en France" à nos confrères des Echos.