C'est une photo qui a fait beaucoup parler : celle représentant Martine Aubry à la Une du quotidien Libération le mardi 20 septembre. La maire de Lille inaugurait une série spéciale du journal où chaque candidat à la primaire socialiste est invité à répondre à une interview et à commenter l'actualité au fil des pages. A la Une : le visage de Martine Aubry sur un fond noir, un éclairage blanc en pleine face.
Un cliché aussi original que surprenant qui a rapidement affolé le web avec des commentaires plus ou moins positifs pour l'ex-première secrétaire du PS. Invité hier de Yann Barthès sur Canal+, Nicolas Demorand, le patron de Libération a confié que Martine Aubry n'avait pas réellement apprécié le cliché en raison de ce torrent de commentaires.
"On a eu des retours contrastés. Martine Aubry a été la première à s'y coller, je crois qu'elle a relativement apprécié la photo dans un premier temps mais dans un premier temps seulement. Puis, il y a eu une folie sur internet et elle a fini par déclarer le soir-même que si tous les candidats socialistes ne passaient pas dans le photomaton de Libé, elle portait plainte auprès de Jean-Pierre Mignard qui est chargé de surveiller le bon déroulement de la primaire et elle voulait donc absolument que chacun subisse le même sort qu'elle" a expliqué Nicolas Demorand sur Canal+. Quatre jours plus tard, c'est Ségolène Royal qui se prêtait au jeu tandis que Manuel Valls a droit ce mardi à cette mise en scène.
A la question de savoir si Martine Aubry avait au final "détesté" sa photo, Nicolas Demorand a répondu hier soir : "Je crois qu'en fin de journée, elle ne l'appréciait plus vraiment".
Déjà, au sein de Libération, le choix de cette photo avait été très discutée. "Une image de une qui inquiétait a priori le service photo. D'un côté, Martine Aubry, qui ne semblait pas une 'cliente' facile, ne se prêtant pas aisément aux prises de vues. De l'autre, un jeune photographe, Yann Rabanier, qui inaugurait la série des invités de la primaire. Son objectif : faire ressortir le masque que toute personnalité politique adopte, selon lui, en public et que la photographie révèle" racontait Libé dans sa rubrique "Making-of".
Le journal précise que la séance s'est bien déroulée au sein d'un studio éphémère installé à la rédaction : "Martine Aubry se place à l'endroit indiqué : test de lumière et premier déclenchement à 30 centimètres de son visage. Suivent sept autres images qui ne serviront à rien : trop de sourires ou d'expressions alors que Rabanier vise la neutralité et la force du regard. Satisfait, le service photo considère que l'image reflète sa présence à ce moment-là. Une belle photo de une". Un avis que ne partage visiblement pas Martine Aubry...