Tentative d'explication. Hier, Matthieu Pigasse a accepté d'accorder une interview au "Figaro" pour clarifier sa position concernant la crise actuellement en cours au sein du groupe Le Monde. Pour rappel, le 10 septembre dernier, plus de 460 journalistes du groupe de presse éditant notamment "Le Monde", "Télérama", "Courrier international" et "La Vie", ont signé une tribune exigeant que Matthieu Pigasse et Daniel Kretinsky leur reconnaissent par écrit un droit d'agrément garantissant l'indépendance éditoriale des rédactions.
"Je suis évidemment favorable au droit d'agrément", a précisé Matthieu Pigasse au "Figaro", laissant entendre que ce sont les détails de sa mise en oeuvre qui posaient actuellement problème. "Certains veulent transformer ce droit d'agrément en droit de répudiation voire en clause d'incessibilité. Le pôle (d'indépendance, actionnaire du groupe Le Monde réunissant journalistes, salariés et lecteurs, ndlr) entend fixer lui-même le prix de revente et passer par un expert indépendant en cas de désaccord. Ce n'est pas possible", a estimé le banquier d'affaires, affirmant au passage qu'il était "viscéralement attaché au pluralisme et à la diversité".
Matthieu Pigasse a aussi accepté d'en dire plus sur sa relation avec Daniel Kretinsky, qui a pris cette année 49% de son holding baptisé Le Nouveau Monde (LNM), via lequel il est actionnaire du groupe Le Monde. "J'ai été confronté à des charges financières nouvelles, auxquelles je ne pouvais plus faire face seul", a expliqué Matthieu Pigasse pour justifier ce rapprochement avec l'homme d'affaires tchèque. "Nous n'avons pas pu trouver d'accord avec mon associé Xavier Niel. J'ai donc trouvé un investisseur minoritaire, passif, et avec une expérience sans tache dans la presse. Daniel Kretinsky n'est pas mon successeur", a ajouté le banquier français, qualifiant son partenaire de "démocrate, européen" attaché "au pluralisme et à l'indépendance éditoriale".
"L'indépendance de la rédaction n'est pas remise en cause, elle est garantie dans les statuts. C'est là toute la beauté du Monde et c'est pour cela que je l'aime", a fini par souligner Matthieu Pigasse. Et l'actionnaire du Monde d'annoncer qu'il rencontrerait les représentants du pôle d'indépendance lundi.