L'homme de radio Claude Villers est décédé ce samedi 16 décembre à l'âge de 79 ans, a appris France Inter auprès de son entourage, confirmant une information du journal Sud Ouest. Voix historique de France Inter, le journaliste a passé plus de quarante ans derrière le micro rouge. Il était notamment connu pour avoir présenté le "Tribunal des flagrants délires", mythique émission satirique du début des années 1980, aux côtés des humoristes Pierre Desproges et Luis Rego. Un concept sera repris en 1988 avec "Bienvenue au Paradis".
Né le 22 juillet 1944 à Everly (Seine-et-Marne), il grandit dans un milieu ouvrier. Dès ses 14 ans, il enchaîne les petits boulots, dont l'étonnant poste de catcheur de foire. Grâce à sa corpulence, raconte Le Monde, il pouvait déjà jouer les brutes épaisses. Jouer des personnages, Claude Villers l'a également fait ici et là au cinéma, notamment dans "L'horloger de Saint-Paul" en 1974, ou encore "L'Amour en douce" d'Edouard Molinaro en 1984.
À 17 ans, il devient alors le plus jeune journaliste professionnel de France, et passe par "Radio Magazine", Europe 1 et RTL. C'est en 1964 qu'il rejoint France Inter. D'abord à l'écriture, il passe devant le micro dans l'émission culturelle "Pop Club" animée par José Artur.
En 1967, il part à l'aventure à New York, où écrit pour des magazines français puis devient correspondant de l'ORTF, et couvre tous les grands évènements culturels et sociaux de l'époque : le succès de Bob Dylan, les révoltes étudiantes de 1968, l'assassinat de Martin Luther King, les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune,ou encore le festival de Woodstock en 1969.
De retour à France en 1971, il reprend le micro et anime seul l'émission quotidienne "À plus d'un titre", dans laquelle il évoque les États-Unis à travers plusieurs thèmes. Toujours à l'affût de nouvelles idées de programmes, il présentera ensuite plus d'une dizaine d'émissions mêlant les styles et les thématiques : la satire et la caricature avec "Pas de panique", le reportage ou le récit de voyage avec "Marche ou rêve" ou "Les routes du rêve", ou encore la vie nocturne avec "Comme on fait sa nuit, on se couche".
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Mais c'est surtout son "Tribunal des flagrants délires" qui a marqué l'histoire de la radio, même si elle n'a duré que deux saisons. Le principe ? Des personnalités publiques étaient invitées à "passer en jugement". "L'accusé" ou le "prévenu" était alors interrogé par le "président" Claude Villiers. Celui-ci était ensuite attaqué par le "procureur", l'humoriste Pierre Desproges, dont les réquisitoires endiablés sont devenus célèbres. Les "prévenus" étaient ensuite défendus par le comédien Luis Rego, et ses plaidoiries loufoques et parodiques.
Plusieurs personnalités ont rendu hommage à l'homme de radio, dont Laurence Bloch, directrice des antennes de Radio France. "Cher Claude Villers", écrit-elle sur X (Twitter) "Votre voix résonnait dans ma chambre d'étudiante et m'a donnée le goût de la radio", ajoute-t-elle. "Celle qui crée des images dans la tête et fabrique une chaîne d'humanités partagées. Elle imprègne encore les studios et les esprits de France Inter et Radio France. Merci."
"La satire, l'humour, l'intelligence, la voix...C'était lui", rappelle de son côté Adèle Van Reeth, directrice de France Inter. "L'esprit de France Inter ? C'était lui ! Claude Villers vient de nous quitter. Nous continuerons à chérir son héritage."