Netflix limite les dégâts. Après un premier trimestre 2022 éprouvant pour le leader du streaming, marqué par la perte de 200.000 abonnés - une première en dix ans - les résultats du deuxième trimestre, publiés mardi, étaient particulièrement attendus. Et ils sont moins catastrophiques que prévu. Car si la firme californienne avait prédit le départ de deux millions d'abonnés supplémentaires, elle a déploré au final la perte de 970.000 personnes entre fin mars et fin juin, soit moitié moins que prévu. Conséquence immédiate : l'action de Netflix a progressé de plus de 7% mardi à la Bourse de New-York.
Netflix compte désormais 220,67 millions d'abonnés à travers le monde et conserve son leadership dans un univers concurrentiel fort, cerné par Amazon Prime Video - qui a opté pour une refonte de sa plateforme - et par Disney+. Reed Hastings, le co-fondateur et co-PDG de Netflix, a convenu lors d'une conférence téléphonique que "parler de succès quand on perdu un million" d'abonnés n'est pas "évident".
Si la baisse du nombre d'abonnés est moins pire que prévu, le chiffre d'affaires réalisé par la plateforme de SVOD au cours du second trimestre est lui inférieur aux attentes et s'élève à 7,97 milliards de dollars. Ce résultat est justifié par Netflix par un taux de change défavorable. Mais les bénéfices net s'avèrent meilleurs qu'anticipé, à 1,44 milliard de dollars. Ce trimestre en dents de scie a vu la firme californienne se séparer de plus de 400 employés, en majorité aux Etats-Unis.
Reed Hastings aurait pu reprendre à son compte la citation, restée célèbre, de Talleyrand : "Quand je m'examine, je m'inquiète. Quand je me compare, je me rassure". En effet, le puissant patron a profité de la présentation de ces résultats trimestriels pour évoquer l'avenir de la télévision. Comme le rapporte "Variety", l'Américain a ainsi prédit la mort de la télévision linéaire - c'est-à-dire regardée en direct - "d'ici cinq à dix ans". Et Reed Hastings de souligner que Netflix a été plus regardée outre-Atlantique durant la saison 2021/2022 que les deux principaux networks avec un total de 1,334 milliard de minutes visionnées pour la firme de streaming, contre 753 millions pour CBS et 597 millions pour NBC. Selon l'institut Nielsen - l'équivalent américain de Médiamétrie - la part de marché de Netflix s'est élevée à 7,7% au mois de juin (conte 6,6% un an plus tôt), soit un plus haut historique.
Au cours du troisième trimestre, Netflix s'est fixé comme objectif de conquérir un million d'abonnés supplémentaires. Le groupe va continuer à livrer bataille dans la guerre des contenus : il a ainsi annoncé l'acquisition du studio d'animation australien Animal Logic, fort de 800 salariés. Et côté sorties, le service de streaming pourra compter sur la saison 4 de "Stranger Things" avec la mise en ligne de la dernière partie intervenue au début du mois. Les abonnés découvriront également cette semaine le film à gros budget "The Gray Man", signé par les frères Russo ("Avengers : Endgame") avec Chris Evans et Ryan Gosling. Netflix prévoit d'investir 17 milliards de dollars dans les contenus cette année.
Le début de l'année 2023 sera marqué pour Netflix par une formule d'abonnement supplémentaire, à prix réduit, moyennant le visionnage de publicités, en partenariat avec Microsoft. "Ce produit devrait augmenter leur revenu par utilisateur. Mais il n'y a pas de preuve que cela va ralentir les annulations d'abonnements ou attirer suffisamment de nouveaux consommateurs", prévient l'analyste Ross Benes, cité par l'AFP. Cette nouvelle formule ne sera disponible dans un premier temps que dans quelques pays, mais Netflix a réitéré mardi sa volonté de proposer un modèle "plus pertinent pour les consommateurs" et "plus concret pour les annonceurs" que celui en vigueur à la télévision. De quoi rendre concrète la prédiction de Reed Hastings concernant la mort à court terme de la télé linéaire ?