Près de deux mois après la décision, Nicolas de Tavernost ne se remet toujours pas du refus du CSA de passer en gratuit de Paris Première (alors qu'il a validé celui de LCI). "Je ne comprends pas pourquoi on n'a pas été autorisé. Il y a eu une inéquité de traitement avec LCI. On a été choqué", a expliqué ce midi le dirigeant du groupe M6, lors d'un déjeuner avec l'Association des Journalistes Médias (AJM) auquel puremedias.com assistait.
Nicolas de Tavernost, qui a intenté un recours devant le Conseil d'Etat contre la décision du CSA, a promis de retenter sa chance devant les Sages. "Nous saisirons toutes les occasions pour passer Paris Première en gratuit. Nous considérons que c'est une priorité. Nous serons candidat à tout", a-t-il promis, en pensant évidemment à une éventuelle remise en jeu de la fréquence de la chaîne Numéro 23.
"Au moment du lancement de la TNT, en 2005, nous n'étions pas pleinement propriétaire de Paris Première. C'est pour cela qu'à l'époque nous n'avions pas demandé son passage sur le gratuit. Et, en 2012, nous avions défendu le projet 6ter car on voulait rattraper notre retard sur notre principal concurrent (le groupe TF1, ndlr) qui avait alors déjà trois chaînes gratuites (TF1, TMC et NT1, ndlr)", a-t-il indiqué.
Nicolas de Tavernost a rappelé qu'il estimait vital pour l'avenir de la chaîne de passer sur le gratuit car les audiences et les revenus publicitaires de la chaîne sont en baisse. Paris Première, qui emploie "indirectement une centaine de personnes", est cependant assurée d'être rémunérée par les distributeurs de télévision payante jusqu'au 31 décembre 2017.
A l'issue de ce déjeuner, Nicolas de Tavernost était attendu au ministère de la Culture. Avec ses homologues de TF1 et de Canal+, il avait rendez-vous avec Fleur Pellerin. La ministre de la Culture a souhaité recevoir les dirigeants des grands groupes de télévisions privés alors que se prépare une réforme de la production des oeuvres audiovisuelles. Nicolas Tavernost, qui assume avoir choisi "pour des raisons économiques" de faire essentiellement de la fiction d'access prime time, a demandé de revoir la durée des droits exclusifs durant laquelle un groupe peut rediffuser une fiction qu'il a produite. Il veut faire passer celle-ci à "six à sept ans", contre 42 mois actuellement. "Cette règle était compréhensible quand il y avait six chaînes. Mais maintenant, il nous faut plus de rediffusions pour amortir une fiction", a-t-il ajouté.
Pour illustrer sa demande, Nicolas de Tavernost a dénoncé un "scandale". 6ter, sa propre chaîne, vient d'acheter les droits de diffusion des premières saisons de la série de France 2 "Fais pas ci, Fais pas ça". "C'est un scandale !", s'est-il indigné en rappelant que cette acquisition était "parfaitement légale". "A la place de France Télévisions, je serais furieux ! Jamais vous ne verrez 'Scènes de ménages' sur une autre chaîne. Sauf très cher et si le format est usé mais cette série est inusable !"
Par ailleurs, Nicolas de Tavernost souhaite que M6, comme vient de le faire France Télévisions, puisse davantage produire elle-même les programmes qu'elle diffuse et aimerait faire des acquisitions dans la production, dans la lignée du rachat de Newen par TF1. "Mais contrairement à TF1, on attend que la réglementation évolue avant de s'engager pour ne pas être obligé de cesser de travailler avec les entreprises avec lesquelles on s'associerait", a-t-il conclu.