Olivier Minne succède à Olivier Minne. Après plusieurs semaines de "Pyramide", appelé en renfort suite à l'arrêt de "Face à la bande", l'animateur prend ce soir les commandes du nouveau jeu "Joker", à 18h sur France 2. A cette occasion, puremedias.com s'est longuement entretenu avec Olivier Minne afin d'évoquer ce nouveau jeu mais aussi cette nouvelle présence soutenue à l'antenne, après une traversée du désert ces dernières années.
Propos recueillis par Kevin Boucher.
puremedias.com : Situation inédite : vous vous succédez dès ce soir avec "Joker" !
Olivier Minne : (Rires) C'est vrai. C'est bien la première fois en 26 ans que je me remplace moi-même. C'est assez étonnant mais c'est comme ça.
Quel est le concept de "Joker" ?
C'est un quiz qui fonctionne sur le principe de dix questions à poser à un candidat, qui ne peut pas quitter le jeu même s'il donne une mauvaise réponse. On lui donne sept jokers au départ pour l'aider et il y a une échelle de gains qui va de 0 à 50.000 euros. Le but étant d'atteindre les 50.000 euros mais surtout de s'y maintenir car on peut y arriver avec six questions, mais il y en a dix obligatoires. On peut tenir grâce aux jokers et son dernier joker qui est un accompagnant. La seule chose c'est que, si le candidat n'a plus de jokers et répond mal à une question, il est dans ce cas-là pénalisé en chutant de trois niveaux dans l'échelle des gains. Il y a une notion d'espoir qui perdure jusqu'au bout de l'émission. Mais c'est autant une émission de jeu que d'humeur.
Les téléspectateurs pourront également jouer via une application sur smartphone - mais aussi avec les traditionnels appels et SMS - pour tenter de gagner la moitié des gains du candidat chaque jour.
Donc il faut qu'il y ait un peu de "Olivier Minne show" ?
Est-ce que c'est le "Olivier Minne show" ?... En tout cas, ce qui est sûr, c'est que c'est une cour de récréation absolument fabuleuse. C'est une aire de jeu dans laquelle je peux être totalement moi - comme dans "Pyramide" et "Fort Boyard". Mais c'est vrai que le format me permet de partir dans des délires et dans l'absurdité qui est la mienne. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, après, c'est autre chose. Je me suis senti très libre.
Vous avez un objectif d'audience ? La case est très difficile depuis de nombreuses années.
La case n'est pas simple, c'est vrai. A titre personnel, on ne m'a donné aucun objectif d'audience et on ne m'a mis aucune pression par rapport à ça. L'objectif est bien sûr d'amener un peu plus de public, étant donné que c'est un moment crucial pour la chaîne. Mais moi, personnellement, je n'ai eu aucun mot d'ordre particulier. Après, quand on fait une émission de télévision, le but, c'est qu'elle soit regardée ! Mais France 2 veut nous laisser le temps et on a jusqu'à juin pour faire nos preuves.
Depuis début janvier, "Pyramide" dans cette même case réunissait en moyenne 773.000 téléspectateurs et 5,2% du public. Vous êtes déçu ?
Non, je ne suis pas déçu. D'abord, on a bien fonctionné pendant les vacances de fin d'année et puis l'audience a été très fortement impactée par les attentats, ce qui est tout à fait logique. Après ces événements tragiques, on a eu des phases de plateau et on a regagné petit à petit. Finalement, en parts de marché ménagères, on est au double de ce que fait France 3 au même horaire, même si ça reste faible. Et on savait dès le départ que "Pyramide" ne resterait que six semaines. Et aujourd'hui, un mois et demi - sans compter les déprogrammations-, c'est court et insuffisant pour installer un rendez-vous sur une case qui a été aussi bousculée. Donc le bilan, ce n'est ni un succès, ni un échec. En revanche, "Pyramide" fonctionne bien le samedi en access et restera à l'antenne jusqu'en juin. Il est possible qu'on revienne le dimanche l'été mais rien n'est fait pour le moment.
"Joker", c'est la recette miracle pour sauver le 18h de France 2 ?
Je ne peux pas dire ça parce que ce serait d'abord éminemment prétentieux et très présomptueux. Je n'ai absolument pas cette pensée-là. On a tout mis en oeuvre pour faire un programme qui soit chaleureux, sympa, convivial, avec de l'émotion, du rire, des moments parfois surréalistes... dans un jeu de quiz où on a cassé tous les codes du quiz classique, que ce soit dans les lumières, le décor... Sur les plans larges du décor, vous pourriez penser que c'est un talk !
"Fort Boyard" reviendra sans surprise cet été. Avec vous ?
Je n'ai pas encore signé mais on travaille déjà sur la préparation de la nouvelle saison donc j'ai cru comprendre que j'étais de la partie. (Sourire) On prépare là des choses encore différentes, tout en gardant les fondamentaux. On veut surprendre les fidèles du programme et amener d'autres téléspectateurs qui zapperont et resteront. "Fort Boyard", finalement, c'est une émission qui est en constante évolution et c'est sans doute ce qui explique qu'il n'y a aucune lassitude pour moi comme pour le téléspectateur. Donc normalement, à moins d'un gros changement, je serai là.
En septembre dernier, "Fort Boyard" a été endeuillé par la mort de La Boule, déjà absent l'été passé pour raisons de santé. Son rôle sera-t-il recasté ?
Mister Boo, l'homme fort, ne rempilera pas en tout cas. Moi, je milite, non pas pour remplacer La Boule, mais que pour quelqu'un reprenne le rôle du "méchant". Dans le story-telling de "Fort Boyard" aujourd'hui, il est nécessaire. Il faut un gardien de prison identifié comme tel. Ca aurait de la gueule. Je milite pour ça et je pense qu'on s'orientera vers un nouveau personnage qui aura ce rôle-là.
Vous aviez dit au printemps 2014 que les six années passées avaient été difficiles pour vous, professionnellement parlant. C'est de l'histoire ancienne maintenant, non ? On vous a rarement autant vu !
Et encore, je ne vais pas énerver grand monde : je serai en quotidienne du lundi au samedi mais c'est tout, il n'y aura pas de primes hormis l'été. Je reste dans une présence raisonnable par rapport à d'autres qui peuvent être encore plus présents. (Sourire) Mais c'est certain que ça a beaucoup changé, c'est sûr. Il y a la confiance de Thierry Thuillier (patron de France 2, ndlr) qui, contre le sentiment général qui reignait dans le milieu par rapport à moi, a décidé de me remettre en selle alors que les autres ne l'envisageaient plus depuis longtemps. J'espère être à la hauteur de la confiance de Thierry et de la chaîne.
Durant votre période difficile, vous n'avez pas eu la tentation d'aller sur la TNT, comme l'ont fait dernièrement Julien Courbet ou Benjamin Castaldi ?
Quand bien même j'en aurais eu la tentation, les chaînes de la TNT n'étaient absolument pas tentées ! (Rires) Il y a un moment donné où, quand vous ne créez plus le désir, vous ne créez plus le désir. Comme ma grand-mère disait, on ne force pas l'âne à boire s'il n'a pas soif. Donc non, ça ne s'est pas présenté parce que personne ne l'envisageait, c'est aussi simple que ça.
Quand vous voyez les audiences des dernières pièces de théâtre sur France 2, ça ne vous donne pas envie d'en proposer de nouvelles à la chaîne ?
J'ai continué à proposer des pièces à France 2 pendant la période qu'on évoquait, où j'étais un peu sur le côté. Forcément, dans ce cas-là, même en tant que producteur, c'était compliqué de placer des projets. Mais là, ce n'est pas encore signé mais je peux en parler, on travaille sur un projet de pièce de Feydeau, "L'Hôtel du libre échange", avec des animateurs de la chaîne, pour la fin de l'année. On a commencé à faire le casting et, si on signe, ce sera notamment l'occasion de fêter les dix ans du "Fil à la patte" et du retour du théâtre à la télévision. Car, je ne le dis pas souvent, mais c'est grâce à moi que le théâtre est revenu en prime time sur le service public. C'est ma grande fierté !
Enfin, au printemps 2014, vous aviez déclaré qu'on vous retrouverait sur le site de l'INA. Vous les avez prévenus que, finalement, vous étiez aussi sur France 2 ?
(Rires) Cela dit, j'ai encore plein d'émissions qui sont sur le site de l'INA ! J'avais dit ça en souriant mais ça a un peu stressé certaines personnes sur France 2 à l'époque, qui trouvaient que ce n'était pas bien de dire ça alors qu'il n'y avait pas de malice. Chez moi, il n'y a jamais de malice. Je préfère régler mes problèmes cash avec les personnes et pas par des périphrases dans la presse. Mais non, je n'ai appelé l'INA pour leur dire... Je devrais peut-être ! (Rires)