Homme d'affaires, mécène, entrepreneur, Pierre Bergé est mort ce vendredi 8 septembre, annonce "Le Monde". Il est décédé à l'âge de 86 ans, à Saint-Rémy-de-Provence. Compagnon d'Yves Saint Laurent, Pierre Bergé a notamment aidé le couturier à fonder et diriger la maison de couture qui porte son nom. En plus de ses nombreuses activités entrepreneuriales ou de mécénat, Pierre Bergé a aussi été un investisseur particulièrement actif dans l'industrie des médias.
Il a ainsi toute sa vie montré un vif intérêt pour la presse. Dès 19 ans, il fonde le journal "Patrie mondiale" avec Garry Davis, porte-parole des "Citoyens du Monde". Deux numéros seulement paraîtront. A partir des années 1980, il devient l'actionnaire principal du "Globe", un nouveau magazine lancé par Georges-Marc Benamou avec Bernard-Henri Lévy. Fervent mitterrandien, il mettra le journal au service de la réélection du président socialiste en 1988.
En 1990, Pierre Bergé fonde avec Jacques Rosselin "Courrier international" puis en 1995 le magazine gay "Têtu". Essuyant régulièrement les pertes de ce dernier, il s'en retirera en 2013. Pierre Bergé a également été l'un des actionnaires de Pink TV, chaîne de télévision payante ciblant un public homosexuel, devenu depuis une chaîne porno. En juin 2010, il s'est s'associé avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse pour prendre une participation majoritaire dans le groupe La Vie-Le Monde, éditeur des journaux "Le Monde", "La Vie" et "Télérama" notamment.
En tant qu'actionnaire de ce groupe, Pierre Bergé sera à l'origine de nombreux incidents, particulièrement avec la rédaction du "Monde". N'hésitant pas à critiquer publiquement son titre de presse, il avait dénoncé en 2011 dans un courrier électronique adressé à Erik Izraelewicz, directeur du "Monde", un article consacré à François Mitterrand qu'il jugeait "immonde, à charge, digne d'un brûlot d'extrême droite", une "honte, qui n'aurait jamais dû être publié".
En 2013, Pierre Bergé s'était dit "scandalisé" de voir que son quotidien avait publié une page publicitaire pour "La Manif pour tous". A la même période, il avait aussi attaqué le directeur de la rédaction de "La Vie", journal chrétien de son groupe, au sujet d'un éditorial défavorable à cette loi. Le 3 octobre 2013, Pierre Bergé avait aussi taclé le supplément littéraire du 'Monde', estimant qu'on n'y parlait pas de livres et avouant préférer celui du "Figaro".